De Paris à Philadelphie par amour

Interviews d'expatriés
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Publié le 2017-06-16 à 13:00 par Veedushi
Sarah s'est envolée pour la première fois à Philadelphie en tant qu'étudiante en échange universitaire. Ayant rencontré l'amour de sa vie, un Américain qu'elle a épousé quelques années plus tard, elle n'est plus jamais rentrée en France, sauf pour les vacances. Satisfaite de sa vie d'expatriée aux États-Unis, même si certains jours l'ont amenés à se poser des questions sur ce qu'elle y fait, elle en parle à Expat.com.

Bonjour Sarah, peux-tu te présenter brièvement et nous parler de ton parcours ?

Je viens de la région parisienne et je vis aux États-Unis depuis 2012. Je suis venue à Philadelphie une première fois en tant qu'étudiante en échange à l'université de Drexel et puis j'y ai rencontré mon copain (maintenant mari). Sachant que je devais faire un stage de fin d'études l'année d'après, j'ai axé toutes mes recherches vers Philadelphie. J'ai décroché un stage pour l'année 2012 qui s'est suivi d'une proposition d'emploi. J'ai changé de boîte entre-temps, mais c'était le début de l'histoire.

Qu'est-ce qui t'as attiré vers Philadelphie ?

Pour mon échange, cela s'est plutôt fait par hasard. Le campus était en centre-ville, à l'inverse d'un certain nombre d'universités américaines, donc j'ai pu bien découvrir la ville au fil des saisons. Par contre, en voyageant dans quelques autres villes des États-Unis, il y avait toujours quelque chose qui « manquait ». On a l'habitude, en France, de « croiser » l'Histoire quotidiennement à ne même plus s'en rendre compte. Les États-Unis étant une nation plutôt jeune, c'est difficile de retrouver cette atmosphère. A Philadelphie, c'est possible ! Je me suis rendue compte que c'est une ville pleine d'histoire et riche culturellement.

Quelles étaient les formalités à remplir pour que tu puisses t'installer aux États-Unis ?

Je suis passée par 2 visas J-1, puis un visa H1B que j'ai transféré dans une autre entreprise. Maintenant que je suis mariée, nous sommes en train de remplir les papiers pour obtenir ma carte verte.

Parle-nous de ce que tu aimes le plus et le moins aux États-Unis.

On voit vraiment que le client est roi et les Américains sont très ouverts aux accommodations. Cela peut paraître anodin, mais le fait que les commerces soient ouverts si tard, par exemple (pas la banque, il ne faut pas abuser), libère la pression de faire certaines choses dans les temps et de ne pas courir contre la montre. Les Américains ont conscience que tout le monde a un rythme différent et que c'est aux commerces de s'adapter pour pouvoir atteindre un maximum de personnes.

Pour ce que j'aime moins, il y a un point que je pensais être un cliché mais que maintenant, avec près de 6 ans de recul, j'admets ouvertement. Ils sont très matérialistes et il leur en faut toujours plus : une plus grande maison, une voiture en plus, plus de ci, plus de ça. En plus, il faut tout fêter et acheter des cadeaux pour tout.

Une dernière chose qui est beaucoup moins amusante : le prix des télécommunications. Mon forfait téléphonique me coûte 100 $ par mois ! Notre facture Internet est dans les mêmes prix.

Vivre a Philadelphie

Peux-tu nous décrire Philadelphie en une phrase ?

C'est une ville historique au potentiel sous-estimé.

Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à ton arrivée aux États-Unis ?

Comme je l'ai mentionné plus haut, cette tendance à tout célébrer dans le commerce, de la Saint Valentin à Noël, mais aussi dans la vie familiale : les graduations à toutes les classes, les anniversaires, les grossesses, etc.

Est-il difficile de trouver un logement à Philadelphie ? Quels sont les types de logements disponibles pour les expatriés ?

Absolument pas. Que ce soit pour l'achat ou la location, il y a vraiment un inventaire qui se renouvelle régulièrement. Pour les expatriés, c'est facile de louer une maison à Philadelphie tout comme un appartement en plein centre-ville.

Quels sont les festivals les plus populaires et les principaux codes culturels à Philadelphie ?

Les plus populaires sont Philadelphia Flower Show en mars, bizarrement Bastille Day et le lâcher de Tasty Kake par Marie-Antoinette, le festival de musique Made in America, le festival annuel organisé par Jay-z, le week-end de Labor Day.

Que penses-tu du mode de vie à Philadelphie ?

J'aime beaucoup, mais je pense que comme partout dans les États-Unis, ça manque de jours de vacances !

Quels sont les moyens de transport disponibles à Philadelphie ? Comment te déplaces-tu ?

Philadelphie a deux métros pas top, mais beaucoup de bus et de trains régionaux. On utilise le train le plus souvent possible lorsqu'on sort en ville, mais sinon c'est la voiture, notamment pour le travail puisque je travaille en dehors de la ville. Mon mari prend les transports en commun pour aller au travail et je l'envie beaucoup.

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As-tu eu des difficultés à t'adapter à ton nouvel environnement et à la société américaine ?

Le plus difficile pour moi ça a été (et ça l'est encore) les formes qu'il faut mettre pour s'exprimer. Il y a beaucoup de façons détournées de dire les choses, et étant de nature plutôt franche, il est toujours difficile pour moi de m'autocensurer. C'est parfois compliqué de trouver des personnes avec lesquelles on peut accrocher de la même manière qu'en France où la franchise est plus commune. Pour la plupart des Américains, se lancer dans un débat d'idées opposées ne fait pas partie d'une interaction sociale positive alors que c'est la base de dîners en famille ou entre amis en France.

A quoi ressemble ton quotidien d'expatriée à Philadelphie ?

La semaine est assez plan-plan mais les week-ends sont plus actifs avec des activités avec des amis et la famille. L'été, c'est semaine au travail, week-end à la plage où les parents de mon mari ont une maison, par exemple.

Mon quotidien est plus intéressant à regarder sur l'année, parce que sinon c'est très métro-boulot-dodo. Elle est ponctuée de voyages qu'on prévoit en début d'année pour être sûrs de toujours avoir quelque chose à attendre avec impatience. On essaye de bouger au moins une fois tous les 3 mois. Il y a le retour obligé en France et le Canada, où vit mon frère. Ensuite, on essaye de faire un gros voyage où on découvre un nouveau pays, et pour le reste on essaye de faire des week-ends getaway.

Que fais-tu de ton temps libre ?

Je fais beaucoup de fitness et je tiens un blog, Sarah Conte Philly.

Y a-t-il, à Philadelphie, des activités nocturnes pour les fêtards ?

Les bars ferment à 2h du matin, donc pour les fêtards il faut s'y prendre un peu plus tôt qu'ailleurs ! Il y a vraiment beaucoup de bars et quelques boîtes. Sinon il y a Atlantic City à un tout petit plus d'une heure où il y a des casinos qui ne ferment donc jamais !

Quelles nouvelles habitudes as-tu adoptées à Philadelphie ? Quelles vieilles habitudes as-tu laissé tomber ?

Je n'en suis pas encore à aller faire mes courses en pyjama, mais je suis beaucoup plus relax en termes de vêtements. Je peux sortir en vêtement de fitness sans me sentir sous-apprêtée et je me fiche beaucoup plus du regard des autres.

Je suis aussi beaucoup moins blasée et j'essaye d'adopter une appréciation pour tous les trucs que je découvre. Je me bouge aussi beaucoup plus en termes de sport : je cours, je tente des nouvelles choses pour sortir de ma « zone de confort », c'est une attitude très mise en avant ici.

Vivre a Philadelphie

Quel est ton avis sur le coût de la vie à Philadelphie ? Combien coûtent un trajet en bus, une bière, ou encore, un bon pain ?

Avec New York à 1h30 de route, c'est facile de penser que Philadelphie est hors de prix. Pas du tout ! La vie est très abordable, les loyers sont très raisonnables et le prix de l'immobilier à l'achat aussi. Pour les transports, il vaut mieux éviter d'acheter à l'unité ou directement dans le train car c'est plus cher. Comptez 3,75 $ un billet de train en zone 1 au guichet et 5-6 $ auprès du contrôleur. Pour le bus, comptez 2,25 $. Les bières peuvent descendre jusqu'à 3 $ en happy hour mais tournent plutôt autour des 5-6 $ en général puisqu'il y beaucoup de brasseries locales.

Y a-t-il quelque chose que tu voudrais faire aux États-Unis mais dont tu n'as pas encore eu l'occasion ?

A part un long week-end à Las Vegas, je ne suis pas encore allée sur la côte Ouest ! C'est prévu pour le mois d'août. Il y a aussi un parc national sur ma liste !

Quel est ton meilleur souvenir des États-Unis ?

Cette année, j'ai eu la chance d'assister au Super Bowl 51 qui était vraiment une expérience exceptionnelle !

Si tu pouvais repartir à zéro aux États-Unis, que ferais-tu différemment ?

Rien du tout ! Le chemin a été assez tortueux, mais chaque étape m'a amenée là où j'en suis aujourd'hui, qui est une situation plutôt stable !

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Que penses-tu de la cuisine locale ? Quelles sont tes spécialités préférées ?

Leurs spécialités sont principalement le cheesesteak et les soft pretzels. L'eau de Philadelphie rend la levée et leur goût unique apparemment ! La scène culinaire de Philadelphie change tout le temps, mais il y a une forte influence italienne, donc je n'ai pas trop eu à changer mes goûts. Le pain, par exemple, est très bon. On trouve quelques boulangeries, de la bonne charcuterie et du fromage.

Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à ton pays d'origine ?

Les commerces de proximité type boucherie, crèmerie, les marchés du week-end que je ne fréquentais au demeurant pas tant que ça d'ailleurs, mais c'est une fois qu'on en a pas qu'on en veut ! L'assurance de manger des aliments sains et sans additifs et bien sur la proximité avec mes amis et ma famille me manquent aussi.

Es-tu déjà arrivée à un point de vouloir quitter les États-Unis ? Comment as-tu surmonté cette épreuve ?

Ces derniers mois oui, lorsque je vois le climat actuel évoluer. Je me demande souvent ce qui me fera faire mes valises. Lorsque je pense à l'environnement dans lequel mes potentiels enfants seront élevés, je stresse un peu de voir certaines choses intolérables faire partie de leur quotidien : les conflits propres aux USA comme la relation entre les blancs et les noirs américains, par exemple, surtout étant en couple mixte. Mais la qualité de vie est bien meilleure et les opportunités professionnelles bien plus nombreuses ici qu'en France. Par exemple, on est déjà propriétaire d'une maison et on pense à acheter un autre bien immobilier, chose qui, je pense, serait impossible à imaginer en région parisienne.

Quels conseils donnerais-tu aux futurs expatriés aux États-Unis ?

Venez avec l'esprit ouvert et soyez prêt le plus tôt possible à vous défaire de vos habitudes. N'essayez pas de tout comparer !

Quelles seraient, selon toi, les 5 choses à emmener dans sa valise aux États-Unis ?

Sachant qu'on peut tout acheter ici, ma liste est pleine de légèreté : un adaptateur pour les appareils dont on ne veut pas se séparer (c'était le cas de mon fer à lisser et de mon épilateur électrique), pleins de gâteaux (parce qu'on ne trouve pas de BN ici), une spatule à crêpes digne de ce nom, du Nutella (il n'a pas le même goût ici, quoi qu'on en dise). Je sèche sur la 5ème.

Tes projets d'avenir ?

Pour l'instant, on se concentre sur la carte verte car, professionnellement, cela va me permettre de bouger comme je le souhaite.

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