Belém, état du Para

Je connais cette ville du nord brésilien depuis plus d'un quart de siècle, j'y ai résidé, j'y retourne plusieurs semaines chaque année, j'y ai des proches.

Aussi, en guise de "bienvenue" sur ce forum, je me propose de donner des informations sur elle, que je considère malgré ses (innombrables) défauts comme la ville la plus fascinante du Brésil.

Cordialement

Bonjour benj77,

Aussi, en guise de "bienvenue" sur ce forum, je me propose de donner des informations sur elle


super proposition, merci !

Qu'est ce qui te fait dire et penser que Belem est la ville la plus fascinante du Brésil ?

A bientôt,

Julien

Oh alors là en un seul message c'est impossible à détailler puisque je compte rédiger un ouvrage sur elle, et que je vais y dédier un site!

En attendant, n'hésitez pas à poser des questions ponctuelles!

D'abord, c'est la joyeuse indiscipline, et le saut dans le passé. C'est paradoxal parce que c'est le corollaire de l'arriération, mais on a par exemple un marche de la viande fellinien hors chaine du froid, dans un bâtiment façon "baltard", qui suscite l'hallucination du touriste estampillé normes CEE
Belém c'est la ville baroque comme toutes les vieilles cités, mais aussi la ville belle époque (folie du caoutchouc) et plus tard ,l'épopée "Vargas"; le Ver O Peso, c'est sans nul doute un des dix marchés parmi les plus incroyables du monde même s'il se "civilise" aussi (j'y ai vu, il y a vingt ans, un marchand de dentiers d'occasions^^: on choisissait celui qui semblait le plus adapté, après qu'il ait été désinfecté dans un seau d'alcool, on le faisait régler par un "artisan" muni de deux paires de pinces! Et je ne vous dis pas - ça continue toujours - l'espace "sorcellerie / Phytothérapie") Quant au coucher de soleil sur la baie de Guajara...
Et ce que j'adore, c'est le côté bordélique sympathique même si, dans le cadre du travail, c'est stressant au possible.

Vous pouvez compter sur moi pour les bonnes adresses!
Des parcs magnifiques, des manguiers centenaires, le second plus beau théâtre après celui de Manaus, Bref j'en passe et des meilleures dont l'incroyable gentillesse et l'ouverture des habitants

Pour donner un peu de consistance...

Volà ce que j'avais posté sur un forum de voyayage à propos de Belém, il y a quelques mois.


Vous avez largement le temps de vous offrir de belles balades.

La vieille ville, autour de la cathédrale et du "forte do presepio" qui contient un remarquable petit musée archéologique.

En face de la cathédrale baroque (et superbe) il y a également un superbe musée des arts sacrés et un petit "musée du Cirio", la grande fête annuelle de Belém. Pas très loin, vous avez la "prefeitura" (mairie) et le palais du Gouverneur qui recèle une exposition et un musée à ne pas manquer, lequel donne une idée de la vie de la grande bourgeoisie de Belém au temps de la "folie du caoutchouc" quand cette ville était immensément riche.

(au fait si votre séjour inclut le deuxième dimanche d'octobre, réservez de suite une chambre et attendez-vous à la folie totale: le Cirio, c'est la plus grande manifestation catholique du monde, avec deux millions de personnes pas du tout compassées, mais survoltées et même joyeuses dans les rues, qui réunit tous les habitants, plus de nombreux autres venus de tout l'état du Para: outre le côté spirituel, cette fête est une sorte de manifestation d'appartenance à cette culture très originale et j'ai des amis agnostiques voire athées qui ne la rateraient pour rien au monde; samedi, énorme parade fluviale sur le fleuve, la statue de la Vierge qui est en tête de procession est portée par un bateau des pompiers. Les réactions de la foule donnent le frisson. Rien à voir avec le ton compassé et vieillot de la place st Pierre à Rome!)

Près du forte do Presepio, si vous avez un peu de sous, un dîner au restaurant "casa das onze janelas" (maison des onze fenêtres), à mon avis la meilleure adresse gastronomique de la ville. (fermé le lundi, plein le samedi). Si la forte musique d'un bon orchestre ne vous gêne pas, mangez dans la salle (TRES climatisée); sinon, prenez une table à l'extérieur. Comptez 50 à 70 R$ , mais ça les vaut quitte à se serrer un peu la ceinture à d'autres moment. C'est délicieux, le cadre est superbe et le service de grande classe.

En remontant l'avenue Vargas, ne manquez pas la rua Santo Antonio, pédestre et pavée avec ses innombrables camelots, une ambiance que j'adore.
Dans cette rue vous découvrirez le magasin "Paris N'America, style "belle époque", où les Belles de Belém venaient acheter les plus riches modèles présentés par des mannequins venus spécialement de Paris, au temps de la grande richesse de la ville. Incroyables luminaires, escalier monumental de fer forgé (si vous le demandez gentiment, on vous laisse prendre toutes les photos que vous souhaitez, même sans rien acheter: actuellement ce magasin vend des tissus en tout genre)

Plus haut, la place de la République et le fameux théâtre, un des plus beaux du Brésil, qui se visite en dehors des heures de représentation (temporairement fermé pour cause de restauration). Ne ratez pas un concert, s'il s'en donne. Ils sont de grande qualité et même si vous prenez le "paradisio" (places populaires, tout en haut, ce que nous on nomme le "poulailler", l'acoustique est fantastique) pas très loin, demandez qu'on vous indique le "palacete bolonha", incroyable folie construite par l'ingénieur du même nom à l'origine de pas mal de constructions dans la ville - dont le marché en fer du Ver O peso. Près de ce "palacete", une salle contient des expositions temporaires souvent très intéressantes.

Ce marché (le Ver O Peso, "voir le poids" est  captivant. ne ratez pas les espaces "plantes médicinales et remèdes traditionnels" offrez vous pour rire un peu de "perfume da sorte (parfum qui donne la chance" ou de "chame dinheiro" ("appelle l'argent"), de "corre atras mim" (cours après moi, après cela celui ou celle que vous aimez en secret ne pourra pas résister), "comigo nao pode (au contraire, pour résister: "avec moi tu ne peux rien"), etc. Tout le plaisir est dans la "consultation" et c'est bien plus drôle et pas plus con que notre eau de Lourdes ou nos cierges à St Christophe pour retrouver le trousseau de clés perdu.

Les petits pots d'onguent contre les douleurs articulaires, foulures, etc. n'inspirent a priori qu'une confiance limitée... ils sont d'une efficacité souveraine contre les douleurs modérées (pas contre les pathologies graves) Je suis du genre sceptique et j'y croyais peu... (donc pas d'effet placebo) ça marche pour moi et mon entourage alors j'en ramène toujours deux ou trois.

En revanche, si on vous propose des peaux de constrictor ou d'autres dépouilles d'animaux protégés par la convention de Washington, refusez gentiment mais fermement: d'abord vous encouragez un commerce illicite, ensuite vous contribuez à l'extinction de ces espèces, enfin vous risquez les pires ennuis tant au Brésil (le "crime ambiental", ça vaut cher) qu'en France avec la douane. Achetez une crécelle de serpent à sonnette si vous voulez (cascavel): si vous la cousez dans un berceau de nouveau né "mâle" vous lui assurez "force et virilité"^^ Sinon, c'est un porte bonheur original.

Il y a aussi le marché des poissons dans lequel vous verrez une grande part des poissons locaux, magnifiques et spectaculaires, le tout sous une grande halle fabriquée en pièce détachée en Angleterre et remontée ici. En face, peut être le marché de la viande, fellinien! (la restauration subventionnée par des fonds fédéraux fut interminable). magnifique sur le plan architectural

Vous pouvez manger pour pas cher (mais ce n'est pas une grande gastronomie, il faut le reconnaître: nourriture populaire) au ver o peso. Assiette de riz, haricots et salade, de viande frite ou cuisinée ou de poisson à déguster avec un "refrigérante" (soda, le mieux est de le prendre au guarana) ou mieux d'une bière "cerpa" (la locale) glacée. Faites vous gentiment préciser le prix avant. 9 vendeurs sur 10 sont sympas et très corrects, mais certains "voient venir le gringo" (tout comme les garçons de café de Paris volent parfois de façon éhontée les Japonais)
Si vous venez tôt (vers 11h), prenez le casse croute local: une bolée de Açai (purée faite avec les graines d'un palmier local, très vitaminée et énergétique) accompagnée d'une tranche de poisson frit

Près du Ver O Peso, la station des "docas", anciens docks rénovés transformés en aire de loisirs, et c'est une réussite! Des bars (dont la "choparia Amazonas" avec une somptueuse brasserie où on fait devant vous, dans de magnifiques chaudrons de cuivres anciens, les bières vendues dans la journée. Délicieux, surtout la variété aromatisée au bacuri (palmier). lundi, mardi, mercredi soir, à partir de 19h (venez tôt) "rodizio de cerveja". Un buffet à volonté avec de très bons produits parfaitement présentés, et bière à volonté servie par des garçons sympas, le tout pour 25 R$ environ.

Une "sorveteria" Cairu propose un choix de glace hallucinant avec des parfums improbables (chicklete, par exemple, comme les chewing gums!): je vous recommande le mélange "açai - cupuaçu", aussi délicieux que local.

Dans la partie "restaurants" le meilleur est sans contestation possible "la em casa" avec son chef réputé dans la ville. Un menu "patchwork", le "menu paraense", est une succession de petits plats qui permettent de découvrir la gastronomie locale (crabes, crevettes, maniçoba, sorvete de cupuaçu, etc.) Y aller à six heures, siroter tranquillement une caipirinha ou un autre apéritif (voire un jus de fruit) manger dehors pour profiter du somptueux crépuscule

Autres adresses pour manger sympa et pas trop cher dans la ville."O rei do bacalhau" (le roi de la morue) au coin de l'avenue Vargas, vers le bas, en face de l'ancien hôtel Central transformé en grand magasin de fringues mais ayant gardé sa façade "art déco", a un "bufé por kilo" pas cher et bon, dans une salle climatisée. Venir à midi pile, sinon on attend longtemps: adresse très courue des Brésiliens.

Un peu plus cher, plus ou moins derrière la poste centrale de l'avenue Vargas, vous avez sur l'esplanade "largo das palmeiras" un restaurant du même nom, avec une cuisine plus élaborée et plus originale, un peu plus cher mais ça les vaut. C'est la "cantine" des avocats de la ville, qui portent tous malgré le climat un impeccable costume sombre avec cravate

Ambiance autrefois sympa et que je trouve personnellement totalement frelatée, la terrasse du "bar do parque" près du théâtre.

Ne ratez pas le musée Goeldi (quoique je crains que les collections parties "temporairement" à rio ne soient définitivement kidnappées): le parc est très intéressant et il y a un petit zoo sympa. Dans l'après midi, l'atmosphère est moins étouffante que le matin quand la condensation se lève

Idem, la réserve "mangal das garças" est magnifique: une réserve de papillons vivants avec des panneaux portables prêtés pour les identifier, une autre pour les oiseaux, un "farol" (phare) du haut duquel on a un splendide panorama sur la ville, un petit musée de la marine très sympa: on passe du canot indien jusqu'aux bâtiments de la marine brésilienne et de son implication majeure au cours de la seconde guerre mondiale, un beau parc avec pas mal d'oiseaux, etc.

Si vous êtes branché bijoux, que ce soit pour voir ou pour acheter, allez au "presidio sao José" ex prison du centre de la ville de belém (dans les années 80, la surpopulation était telle que les détenus "débordaient" par les fenêtres laissant passer bras et jambes pour capter un peu d'air): un musée "carcéral" et une série d'échoppes de joaillers qui travaillent les belles pierres

En prenant les minibus climatisés qui font le trajet "castanheira "iguatemi" ( de dernier centre commercial a changé de nom mais tout le monde le connaît sous ce vocable), vous pourrez joindre le "bosque rodriguez alves" (la course est longue en taxi): très beau parc calme et agréable dans lequel, parfois, on croise un tapir en liberté!

Pour les fiestas, Belém dispose de nombreuses et grandes "boates" à l'ambiance assez délirante les vendredis et samedis soir. Ca, je ne connais pas trop mais le "Routard papier" qui décrit assez bien Belém en donne une belle sélection.

Désolé d'avoir été "un peu" long, mais vous aurez compris que je suis amoureux fou de cette ville, et que l'amour, c'est irrationnel^^. Il y a encore plein à dire! J'ai écrit des noms propres (avec quelques fautes, je n'en doute pas) en portugais pour que vous puissiez les transcrire sur un bout de papier si vous n'êtes pas lusophone, cela vous facilitera la vie avec les taxis.

Enfin, à cette époque, comme excursion il vous faut contacter un "tour" pour aller voir l'île des perroquets, située en face du fleuve. On vous prend à votre hôtel à 4h30 pour les voir au lever du soleil, pendant leur envol.

Chaque soir, aux "docas" un bateau genre "lancha" fait un "passeio" pour voir Belém illuminée la nuit. C'est un peu du "promène couillons" mais la ville est belle depuis le fleuve, la nuit!

Quelques points noirs de Belém, maintenant. (1)

L'insécurité, et ce n'est pas un fantasme. C'est un réel problème, davantage que dans bien d'autres villes et comme partout c'est lié à la drogue.

Il y a une autre composante: l'incroyable incompétence et/ou négligence des autorités, que ce soit au niveau 'estadual' ou au niveau 'municipal'.

Régulièrement, on annonce à grands sons de trompes le recrutement de centaines de policiers supplémentaires mais comme personne ne se soucie de contrôler leur travail effectif, ce n'est qu'argent gaspillé et prébendes accordées sur la base d'un népotisme assez fréquent au Brésil mais qui est LA plaie du Para et du Maranhão voisin.

La principale avenue de Belém, c'est l'avenue Vargas. Jusque dans les années 1990, elle était remontée en permanence par des patrouilles, et en haut un policier dans une guérite, avec une paire de jumelles puissantes, repérait les pickpockets et les signalait à ces patrouilles. C'était très efficace et c'est sans doute pour cela que ça a disparu.

Des policiers sont affectés à la surveillance de la belle place de la République, devant le théâtre. Avec en plus des VTT qui devraient leur permettre de pourchasser les malandrins. Si on en voit en permanence deviser aimablement dans leur loge (comme au Ver O peso), les patrouilles sont à peu près inexistantes. De ce fait, l'endroit le plus touristique de la ville qui en plus est un "centre névralgique" (plein de banques aux alentours, lieu de passage presque obligé de Belémois, puisque c'est une grande connexion de lignes de bus) est une repère de dealeurs et "d'assaltantes"

Contraste frappant avec belo Horizonte qui a moins de policiers pour une population plus importante, mais où le quadrillage est impressionnant dans tout le grand centre, avec en plus des patrouilles à cheval et en voiture qui déboulent inopinément. Et des agents formés pour saluer courtoisement les étrangers, ce qui ne gâte rien.
Idem à Fortaleza, dès que vous sortez d'un quartier très surveillé, un policier vous signale que vous entrez dans une zone à risque, et vous incite soit à prendre un bus ou un taxi.

A Belém, Plus en bas, sur le place de la "cidade velha" qui est aussi en plus de constituer un joyau touristique un lieu de passage obligé, face à la mairie et au palais du gouverneur, j'ai été braqué au vu et au su de gens tétanisés par la peur, un dimanche à midi! Mais le fait est que dès que les truands armés et très agressifs se sont carapatés, tout le monde est venu me soutenir, me réconforter et que de braves gens ont fait un crochet en voiture pour me ramener à mon hôtel parce que j'étais psychologiquement secoué  si intact physiquement... j'ai eu la très grande sagesse de ne pas résister et de dire immédiatement aux truands que je ne le ferais pas.

Ca, c'est aussi Belém. On a peur comme ailleurs mais on est solidaire et hospitalier.

Il faut que les choses soient claires: dès la nuit tombée et sauf à se fondre parfaitement dans le paysage brésilien (dur pour un gringo tout comme pour un Brésilien classe moyenne), sans aucun signe de richesse, on ne se déplace plus qu'en taxi.

Quelques points noirs de Belém, maintenant. (2)

Si l'ambiance un peu 'tiers-monde' ne vous gêne pas, alors vous êtes au paradis (comme moi^^)

Dans le cas contraire, à cause du côté crade de la ville, vous vous sentirez très mal.

Les canaux d'évacuation des eaux pluviales sont régulièrement obstrués par les gens qui y jettent leurs déchets, particuliers à moitié excusés par le caractère très aléatoire du ramassage des ordures ménagères, mais aussi par des entreprises qui envoient en plein jour des camions y déverser des gravats à 20m des flics, indifférents! De ce fait, à chaque saison des pluies, inondations aggravées considérées comme des fatalités et non comme la résultante de l'insuffisance des réseaux et de ces comportements asociaux.

Tout le monde ou ou presque jette ses papiers gras dans la rue, et j'ai souvent entendu dire qu'il faut continuer à faire ainsi, pour ne pas donner le prétexte à la mairie de mettre au chômage les centaines de balayeurs...

Attention où vous mettez les pieds en marchant tant les trottoirs sont défoncés et recèlent d'obstacles dont quelques-uns sérieux: je me suis cassé un pied pour ne pas avoir vu qu'une bouche d'égout avait été volée (le métal ça se revend cher) et pour m'être viandé. 

Les prochains épisodes traiteront de points positifs...

sauf si les responsables de ce forum jugent que ma contribution offre peu d'intérêt: je ne me sentirais nullement vexé s'il me le disaient.

superbes posts, merci :)

Quelques points "d'or" de Belém (1)

Je signale les points noirs et ce n'est pas fini, je vais aussi signaler les points sympas, ceux qui font qu'on peut tomber amoureux de cette ville, en donnant quelques exemples de "choses vues"

De retour du "passeio fluvial", le jour du Cirio de Nazaré, complètement déshydraté au sens propre du terme (5 heures de soleil sur le fleuve, sans me désaltérer), je cherche désespérément une place sur la terrasse d'un de mes bars favoris, archi-pleine.

Une table de quatre, trois Brésiliens attablés qui voient mon air désorienté et me font signe de les rejoindre. Je me pose, je les remercie, le garçon qui me connaît m'amène ma "choppe" que je bois en trente secondes - c'était pour la survie. Éclat de rire général, et sans que j'aie à en demander une autre, elle arrive dans la minute pour subir le même sort. Je demande la troisième (et dernière du moins je le croyais), pour passer de la réhydratation à la dégustation, en commençant à parler à mes voisins stupéfaits qu'un gringo soit expert en "tacaca, en pato no tucupi" (je parlerai de la gastronomie paraense plus tard) et connaisse l'histoire du Cirio.

Nous échangeons nos adresses, et je vois arriver une tournée... "Ola... Quatro, vai estar muito, talvez mesmo demais!"
"Nao, nao, seja sem medo, temos um carro para acompanhar!"

(Oh quatre c'est beaucoup, peut être même trop! Non, non, t'inquiète pas, on a une voiture pour te raccompagner)

Je commande les "tiragostos" (amuse bouche) et ma tournée, par civilité. Finalement, nous décidons de déjeuner sur place (à frais partagés, pas d'exploitation du gringo naïf, je dis cela pour lever les objections) en rigolant comme des bossus et effectivement (j'étais vanné et la tête tournait un peu) ils font un crochet pour me ramener à mon hôtel où je suis arrivé avec une invitation en bonne et due forme, pour le  déjeuner du lendemain, dans la maison familiale (c'étaient deux frères et un cousin).
Ce sont, depuis, devenu des amis. Trouvez-moi une terrasse de café aussi accueillante à Paris!
______________________

Autre épisode.

j'ai quelques habitudes dans un restaurant des "docas", sur le bord du fleuve. On m'y connaît sans que je sois un pilier de la maison, puisque non résident permanent à Belém. Je vais y dîner un soir avec un livre, je prends donc tout mon temps, je demande l'addition et au moment de payer...  je réalise que j'ai oublié mon portefeuille. Très embêté j'expose mon problème au garçon, lui proposant de laisser ma montre en gage, le temps que je fasse l'aller retour pour ramener de l'argent. Éclat de rire. "Vous n'allez pas me voler, je vous connais!" Et de sa poche, il sort le montant du repas (les garçons ont la responsabilité de ce qu'ils servent) me signalant que le lendemain est son jour de repos, mais que si je repasse plus tard je pourrai le rembourser: il y en avait quand même pour 50 réais, 20 euros à l'époque! 
Je le remercie chaleureusement, pensant in petto que je passerais le payer après demain en joignant un petit cadeau en plus du service quand il me court après et me tape sur l'épaule.
- eh comment rentrez vous?
- A pied, c'est juste à 10mn, en haut de l'avenue Vargas
- Non pas question, il fait nuit, c'est dangereux cette avenue, il n'y a plus personne. Prenez ces dix réais en plus et remontez en taxi, vous me rendrez le tout quand vous pourrez.

Il avait parfaitement raison parce qu'à Belém comme dans beaucoup de villes brésilienne, le "tarif officiel" quand on se fait braquer, c'est 50 R$ à sortir immédiatement (l'idéal c'est de les avoir dans le creux de la main). Si c'est un camé en manque, il perçoit dans la seconde qu'avec ça il a de quoi se payer quelques doses et n'insiste pas... si vous résistez ou si vous n'avez rien sur vous, il peut péter les plombs.

Alors que l'on soit bien clair: tout Belém, ce n'est pas ça.

Mais des évènements de ce genre, c'est fréquent, c'est révélateur. A Belém, "vous n'êtes jamais seul" (mais on ne vous emm... pas si manifestement vous souhaitez le rester quelques temps.

Quelques points "d'or" de Belém (2)

La dinguerie de certains personnages. On peut revenir comme moi depuis un quart de siècle, on est toujours enchanté. surtout que le stock est en plein renouvellement.

"L'homme d'argent", artiste de rue, couvert d'une peinture argentée, et qui se tient immobile comme une statue. Vous posez un réal dans la petite caisse en face de lui, et il se lance dans une sorte de ballet stylisé, très lent, très harmonieux, et vous avez le loisir de le photographier.

Une statue de bronze (j'ai oublié de quel homme célèbre il s'agit), régulièrement peinte des couleurs de la "seleção", l'équipe nationale de football: short, maillot, chaussures. Effet garanti.

Ben Laden (enfin, il était encore là l'an dernier)... un sosie parfait, assis sur une chaise, avenue Vargas. Pareil, pour un réal, voue pouvez vous faire photographier à ses côtés.

Une dame très distinguée, à la coiffure en chignon impeccable, avec un sac à main de belle facture et des talons aiguilles, qui remonte régulièrement l'avenue Vargas, très digne. Quoi de surprenant me direz-vous? Eh bien c'est que ce sac et ces chaussures sont absolument les seuls vêtements qu'elle porte. Je précise: rien de plus, absolument rien. Et si vous êtes surpris en la voyant... vous serez bien le seul. Elle passe dans l'indifférence générale.

"le Prédicateur" posté tous les matins, près du Hilton, en haut de l'avenue Vargas, qui hurle ses psaumes et ses sermons nous promettant les flammes éternelles de l'enfer en tenant une oreille sur sa main pour capter la résonance, s'étourdir lui même et jouir de l'effet sonore.

"le touriste traumatisé qui vient de tout se faire voler" (selon les circonstances, français, belge, suisse et même parfois polonais) et qui vous demande un service. Il vient d'avoir son laissez passer pour remplacer le passeport disparu, sa famille lui a envoyé des subsides, il a son billet de car pour rio et son billet d'avion. Il ne lui manque plus que 20 ou 30 réais, pour avoir de quoi manger pendant le long voyage, et "se débrouiller pour rejoindre l'aéroport de rio depuis la gare routière de là-bas". Alors au nom de la solidarité européenne, si vous pouviez lui confier 2 ou 3 R$... ça fait une quinzaine d'années qu'il quête et il ne les a pas encore obtenus...

Ce garçon de café très malin qui, selon la personne avec qui vous êtes, vous lance avec un clin doeil... cerveja como de costume? ou refrigerante, como de costume? (bière comme d'habitude, ou soda comme d'habitude?)

Ce monsieur très sérieux en blouse blanche, en bas de l'avenue, avec une table et un tabouret, qui pour un réal vérifie votre tension, votre fréquence cardiaque, votre taux de glycémie (contre un supplément) et note les indications sur une fiche qu'il signe doctement...

C'est vrai que la ville est merveilleuse. Moi je suis tombé amoureux de Curralinho (à +- 160km de là par bateau) J'y passe 6 mois par an et à partir de l'année prochaine j'y serai à plein temps. La région est magique

Est ce qu'on peut faire une rubrique "Belém" comme il en existe d'autres, pour des villes brésiliennes tout aussi importantes?

Cordialement

B

Oui benj77, faudrait juste que tu me le rappelles par MP parce que je risque d'oublier d'ici la semaine prochaine ;)

(je créerai la section avec plaisir alors n'hésite surtout pas!)

salut à tous, je suis français marié à une femme de bélem je trouve votre sujet fortement intéressant

sebastien2155 a écrit:

salut à tous, je suis français marié à une femme de bélem je trouve votre sujet fortement intéressant


Alors vous deux, n'hésitez pas à me corriger ou à relancer!

De quel quartier votre épouse est-elle originaire, si ce n'est pas indiscret? :cool:

Ma femme est originaire d'ICOARACI, pas vraiment un coin touristique mais j'y connais pas mal de monde. C'est très différend du centre ville mais les contacts sont chaleureux.

sebastien2155 a écrit:

Ma femme est originaire d'ICOARACI, pas vraiment un coin touristique mais j'y connais pas mal de monde. C'est très différend du centre ville mais les contacts sont chaleureux.


Hélas, l'endroit devient dangereux. Pas mal de rixes et "d'assaltos"

C'est vrai, je suis connu là-bas mais pour un étranger c'est très dangereux.

le nouveau forum Belém est en ligne :)https://www.expat.com/forum/viewforum.php?id=4668

Un grand merci!

:one pour les informations sur Belém. Merci beaucoup benj77

Christine a écrit:

:one pour les informations sur Belém. Merci beaucoup benj77


Ca fait plaisir! ;) je continuerai cette chronique, et l'autre sur les choses qu'il faut avoir en tête quand on veut s'installer au Brésil.

Salut à tous,

J'ai séjourné 2 mois à Belém cette année, normalement je devrais y retourner prochainement.

J'interviens juste pour remercier Benj77 pour ses infos, qui sont au demeurant très justes.