Votre réussite professionnelle à Mayotte

Bonjour à toutes et à tous,

Une expérience à l'étranger est souvent considérée comme un accélérateur de carrière. Et vous, comment a évolué votre carrière depuis votre expatriation à Mayotte ?

Qu'est-ce qui, selon vous, détermine la réussite d'une expérience ? 

Quelles sont les bonnes pratiques à adopter pour faire de son expérience professionnelle à Mayotte un succès ? Quelles sont au contraire les erreurs à éviter ?

Que vous apporte le fait de pouvoir évoluer professionnellement dans un autre pays ?

Racontez-nous votre success story, et comment votre expatriation a boosté votre carrière.

Merci,

Priscilla

Mayotte est un endroit étrange, par bien des aspects. Mais tant que la France disposera de son droit de véto à l'ONU, ce ne sera pas l'étranger !

Maintenant, il est bien vrai que ça peut être un accélérateur de carrière. On en a vu qui sont arrivés conseiller principal d'éducation et qui sont repartis vice-recteur. Par contre, je ne peux pas donner la recette pour grimper, sinon on m'accuserait d'être cynique.

Après, sans chercher à faire carrière, il y a un tel manque de compétences à tous les niveaux sur cette île que le premier qui est prêt à travailler un peu plus que les autres se voit vite proposer des responsabilités hallucinantes. J'ai des collègues qui sont titulaires depuis un an ou deux, et à qui je propose déjà d'assurer des formations. Moi-même, pas plus tard que cette après-midi, je suis passé au vice-rectorat et, en tant que simple conseiller pédagogique, j'ai fixé la date de la commission d'entente pour le bac et fait convoquer les collègues. Je ne suis même pas sûr qu'un inspecteur aurait le droit de faire ça en France sans au moins en référer au recteur !

Par contre, là, niveau reconnaissance, c'est macache wallou ! Si vous êtes le con qui bosse, on vous pressera jusqu'au trognon et c'est quelqu'un d'autre qui en tirera les bénéfices (ce qui nous ramène à mon deuxième paragraphe). Voire même, vous passerez pour le traître de service, et on fera des grigris dans votre dos. La rentabilisation de l'investissement se fait alors souvent en partant... à l'étranger.

Il faut être lucide, au pays des aveugles les borgnes sont rois.
Et en même temps il faut des gens aux aptitudes peu conventionnelles pour évoluer dans le marché du travail Mahorais.
Allez faire rouler une formule 1 sur une édition du Paris-Dakar...
Jamais je n'aurai pu passer de commercial à chef d'agence ailleurs qu'à Mayotte.
La direction régionale était tellement contente de trouver quelqu'un du métier et qui avait vécu la grève générale de 2011 et même celle de 2009 en Guadeloupe ; que le manque d'expérience managériale est passé au second plan. Mon chef métropolitain m'a aussi prise pour ça, parce que je n'allait pas partir en courant à la prochaine grosse grève. Ca s'est vérifié cette année.
C'est parce que je suis un mouton à 5 pattes que j'ai une aisance à Mayotte que je n'aurai pas en métropole.
Un bon manager ou commercial en métropole ne le sera pas forcément à Mayotte car la façon de procéder sera à l'opposé. Comme vouloir jouer la 5e symphonie de Beethoven au mbiwi.
(oui je suis très inspirée aujourd'hui dans les métaphores extrêmes)
A Mayotte on peut être un manager assez libre car il est tellement dur de nous trouver un remplaçant. J'avoue parfois en jouer pour stopper la pression à la sauce métropolitaine qu'ils veulent me mettre.
Mais quand on a la chance que les directeurs métropolitains viennent à Mayotte, ça les calme de suite. Ils nous plaidraient presque.
Non on ne cherche pas d'excuse mais on est le produit de son environnement.
On est pas l'ambassade de Russie en Algérie !