La conduite automobile au Maroc

La conduite automobile au Maroc est à pratiquer avec le sourire.
Mes observations ont été effectuées pendant deux mois sur la nationale 1 entre Salé et Kénitra.
Il ne concerne pas la conduite sur les autoroutes

Cette nationale a été pendant des décennies le seul grand axe nord sud partant de Tanger et se terminant à la frontière mauritanienne soit presque 2500kms. Son revêtement est globalement de bonne qualité.
Aujourd'hui elle est concurrencée par l'autoroute qui permet d'aller de Tanger jusqu'à Agadir dans de très bonnes conditions.
La partie observée entre Kenitra et Salé est à trois voies avec quelques portions à 4 voies. Cela représente une bonne trentaine de kilomètres suffisant pour en tirer quelques règles.
Deux communes sont traversées sur le parcours : Sidi Bouknadel et Sidi Taibi (dans le sens sud Nord)
Mieux vaut connaître le code de la route international qui est également valable au Maroc mais en ne l'appliquant pas stricto sensu mais en l'adaptant aux situations.
Sur cette N1 vous allez rencontrer :
des camions de toutes tailles soit vide de chargement et donc très pressés de rejoindre le nouveau point de chargement soit très chargés (des personnes raisonnables diraient trop chargés) mais essayant de rouler aussi vite que les vides.
des cars touristiques qui ont aussi l'air d'être très pressés.
des bus gris parfois à rallonge de fabrication chinoise aux vitres latérales remplacées par des plaques de contreplaqué peintes en noir (pas toutes seulement celles qui ont été cassées par des jets de pierre). Leur particularité est de s'arrêter à la demande.
des camionnettes dont le chargement peut atteindre des hauteurs considérables
des pick-up chargés à ras bord (de pastèques par exemple ou de moutons en cette période précédent l'Aïd)
des véhicules particuliers souvent très récents mais aussi quelques vieilles Renault 4 ou autres marques
des taxis 7 places (les grands taxis) qui relient les deux villes le plus vite possible tout en pouvant s'arrêter à la demande. Majoritairement des Dacia Lodgy assemblés dans l'usine Renault de Tanger.
des tricycles cargo de marque chinoise Docker permettant de transporter du matériel ou des personnes ou les deux (et bien sûr des moutons avant l'Aïd)
des charrettes à plateau à quatre roues tirées par un cheval servant de transport en commun pour des petites distances et permettant de rejoindre les douars
des petites charrettes à deux roues tirées par un âne qui peuvent transporter des quantités incroyables
Des mobylettes avec une, deux, trois voire quatre personnes dessus
Des vélos avec une, deux voire plus de personnes dessus
Des piétons
des personnes au bord de la route qui font des signes de la main pour être pris en charge (il y a les taxis et les bus mais aussi d'autres qui les concurrencent)
des animaux errants : curieusement très peu sur cet axe par contre sur les routes secondaires risque de rencontrer des troupeaux de moutons (il y en aura moins après l'Aïd)

Tous ces véhicules peuvent sans prévenir décider :
de s'arrêter, parfois en mettant le clignotant parfois pas
de tourner à gauche, parfois en mettant le clignotant, parfois pas
de faire demi-tour
à un rond point de vous doubler par la droite pour ensuite aller vers la gauche
Personne ne tient vraiment la droite : sur la route à trois voies vous roulez à cheval sur les pointillés au sol. Cela permet d'éviter les piétons, vélos, charrettes et autres véhicules s'arrêtant à droite pour prendre quelqu'un ou marchander un petit seau de figues, de raisin et autres fruits et légumes sans avoir à changer de direction.
Par contre pour doubler l'opération est délicate : en face un autre véhicule veut aussi doubler. Il faut donc klaxonner pour que celui devant vous serre un peu la droite et faire des appels de phare à celui venant en face et qui est aussi en train de doubler. Si c'est un camion mieux vaut le laisser doubler. Dans certains cas extrêmes essayer de passer de front (à quatre) sur la trois voies mais c'est risqué.
Les taxis sont très pressés : ils doublent en toutes circonstances pour ensuite faire une queue de poisson pour déposer un client. Donc l'utilisation des rétroviseurs doit être intense avant d'amorcer un dépassement.

Ne vous croyez pas protégé par une ligne pleine interdisant aux véhicules dans l'autre sens de doubler. Surtout dans un virage sans visibilité. Vous ne doublez que lorsque vous voyez distinctement les véhicules venant en face.

Les piétons se déplacent d'un point à un autre et appliquent une règle très simple : la ligne droite sans tenir compte de l'existence d'une route. Donc, (en particulier dans une zone habitée) vous devez savoir que vous aurez l'occasion de vous trouver avec des piétons traversant. La règle est simple : continuer votre avancée sans rien changer : ni accélérer ni ralentir car le piéton vous voit et a intégré votre conduite. Bien sûr votre vitesse doit être adaptée (entre Salé et Kenitra c'est soit 40, soit 60, soit 80 km/h). Sans oublier les zones à 20km/h c'est à dire les contrôles de police ou de gendarmerie (il y en a trois fixes entre Salé et Kénitra).

La traversée de Bouknadel ne présente pas de difficulté : c'est une cité en pleine expansion avec une belle route en deux fois deux voies toute droite, avec de larges trottoirs de part et d'autre.

Sidi Taïbi c'est autre chose : pas de trottoir, pas d'évacuation des eaux usées et un souk permanent le long de la nationale sur trois cents mètres. Comme chacun s'arrête pour acheter quelque chose on y roule au pas. Je n'ai encore jamais osé m'y arrêter : pour l'instant je hume les fumets nauséabonds de ce lieu il faut le dire un peu louche mais qui permet de « sentir » à quoi devait ressembler un marché au moyen âge. Mesdames éviter les escarpins pour y marcher !

Les traversées de Salé et de Kenitra ne présentent pas de grandes difficultés mais en restant toujours très vigilants.

Bonjour.
Tmf52: un régal de lire cet épisode de la vie au Maroc.
Pour ce qui est du chevauchement de la ligne discontinue, nous avions fait le même constat en Tunisie et nous avions une explication: les chauffeurs se prennent pour des pilotes d'avions  en cours de décollage, train d'atterrissage avant  sur l'axe médian de la piste. :lol:

On se croit sur la route, dans la voiture qui avance, en lisant ce récit.