Différend avec ma propriétaire qui voulait récupérer l'appartement dont je suis bailleur. J'ai finalement accepté de changer pour un autre appartement, négocié le prix avec le mari. Elle a refusé notre accord, exigeant 300000 Ariary de plus. J'ai refusé et suis allé voir Dadi Love, vendredi soir.
Samedi un peu avant midi on sonne. Quatre policiers avec mitraillette m'interpellent et m'amènent au poste de police. Je suis informé de mes crimes: non paiement de loyer et des charges, refus de quitter l'appartement, violence verbale, prétentions financières excessives pour un nouveau locataire. Et pour faire bonne mesure relations avec prostituées et mineures. Tout est calomnie, j'ai avec moi les documents qui le prouvent. Les 8 caméras de surveillance ne pourraient fournir aucune image compromettante.
Je suis mis en cellule, sans chaussures et surtout sans mes lunettes de grand myope. J'ai annoncé qu'innocent, je ne paierais rien. J'aurais pu passer le temps dans le bureau plutôt qu'au violon sinon.
25 ou 30 codétenus malgaches, en attente de jugement. Je sympathiserai avec eux, ils me donneront à manger. Je suis au secret, personne n'est averti de mon arrestation malgré mes protestations. Ni consulat, ni famille, ni amis.
Cellule en béton, y compris la banquette adossée au mur sur la moitié de la pièce. Juste la place pour s'allonger la nuit sans bouger, très proche des voisins. C'est ainsi que je passerai mes deux premières nuits, avec uniquement bermuda et chemisette que je garderai ces trois jours. On ne se lave pas, toilettes à la turque sans papier, un filet d'eau à un robinet. Les prisonniers font le maximum pour le moins de saleté, chacun prenant le balai. Chaque matin interrogatoire musclé (pas moi), ça s'entend, certains rentrent en cellule en piteux état, l'un a defequé sur lui.
Vers 16 h audition avec l'officier de p j, qui essaye de comprendre et de transcrire mon message à deux doigts sur une vieille machine à écrire avec carbone. Quel avocat ? Je réponds: celui que le consulat me conseillera, mais je ne peux pas le contacter. Je dis que j'ai apporté les preuves de mon innocence, cela ne le concerne pas.
Retour en cellule. Le lendemain après midi j'annonce que je commence une grève de la faim, ne pouvant prévenir le consulat, ni prendre mes 7 médicaments quotidiens, j'ai 67 ans, problèmes notamment cardiaques et hypertension
Je fais court, je suis au restau et tape sur mon smartphone. Lundi premier mai vers 14 h je peux parler par le passe-plat à mon amie qui m'a enfin localisé et va contacter le numéro d'urgence du consulat: pas d'intervention les jours fériés. Elle m'apportera à manger, pizza et eau vive gracieusement fournis par Georges, de la Terrasse (publicité gratuite).
Mardi 2 mai, 8 h.15, visite du collaborateur du consulat qui ne peut me faire sortir. Fin de matinée transport du groupe de détenus au tribunal. On me propose de payer pour ne pas être menotté, je refuse et réclame d'être comme les autres, en vain.
Je vois enfin le Procureur qui m'écoute, photocopie mes preuves, bail, facture, transcription de nos sms. Il téléphone au proprio, je suis libre mais ce n'est pas fini.
La suite au prochain épisode.
Au fait, que disent les textes de loi sur la détention préventive ?