1 - CABU, dessinateur. Jean Cabut, 76 ans, s'est forgé un esprit antimilitariste après avoir été mobilisé 27 mois pendant la guerre d'Algérie. Né à Châlons-sur-Marne (actuelle Châlons-en-Champagne, dans la Marne), il avait une aversion pour la bêtise, qu'il dénonçait dans ses dessins. Passé notamment par «l'Union de Reims», «Ici Paris» et le journal satirique «Hara Kiri», il est célèbre pour son personnage du Beauf, caricature du Français moyen à tendance raciste, alcoolique et machiste. Il est l'inventeur de ce nom, rentré dans le dictionnaire.
2 - WOLINSKI, dessinateur. Tué à 80 ans, Georges Wolinski, connu pour ses dessins des femmes nues. Des femmes que ce libertin aimait beaucoup. Né à Tunis (Tunisie), orphelin de père à 12 ans, il dessinait et caricaturait le couple moderne, le plaisir des femmes, le désir des hommes et s'interrogeait sur la nouvelle place des ces derniers dans la société. Passé par «l'Humanité» et «Paris Match», Wolinski disait ne plus vouloir «exciter ces fous» après que les locaux de «Charlie Hebdo» furent incendiés en 2011. La Bibliothèque nationale de France lui a consacré une rétrospective sur ses 50 ans de carrière en 2012. Interrogée ce jeudi sur RTL, sa femme, Maryse, assure qu'«il n'était pas que ce jouisseur irrévérencieux que tout le monde décrit. Il était aussi un homme d'une très grande générosité, un éditorialiste talentueux».
3 - CHARB, dessinateur. Dessinateur-né, Stéphane Charbonnier, 47 ans, illustrait ses cours dès le collège. Après avoir travaillé son trait dans le Val-d'Oise en caricaturant les notables locaux, il participe à la relance de «Charlie Hebdo» en 1992 et en devient directeur de la publication en 2009. Une des principales cibles de ses dessins : la religion. Un de ses derniers, publié mercredi, représente, sous le titre «Toujours pas d'attentat en France» un jihadiste armé qui déclare : «Attendez : on a jusqu'à la fin janvier pour présenter ses vœux.»
4 - TIGNOUS, dessinateur. Bernard Verlhac, 57 ans, publiait ses dessins depuis 30 ans. Ce Parisien de naissance a notamment travaillé pour «l'Evénement du jeudi», «Fluide glacial», «Marianne», «Charlie Hebdo» et «le Canard enchaîné». A la télévision, Laurent Ruquier et Marc-Olivier Fogiel ont fait appel à celui dont le pseudonyme signifie «petite teigne» en occitan. Pourfendeur du capitalisme, des inégalités sociales et des politiciens, il ciblait également la montée de l'islamisme.
5 - HONORE, dessinateur. Les vœux de Philippe Honoré ont été mis en ligne quelques minutes avant l'attentat contre «Charlie Hebdo». Ils représentaient Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de Daech, qui souhaitait «surtout la santé». A 73 ans, Honoré collaborait également à «Libération» et au «Monde».
6 - BERNARD MARIS, économiste. Faisant partie de ceux qui ont relancé «Charlie Hebdo», Bernard Maris tenait une chronique dans l'hebdomadaire avec pour signature Oncle Bernard. Il critiquait les dérives du libéralisme. A 68 ans, il était aussi chroniqueur sur la radio France Inter. L'auteur de «Lettre ouverte aux gourous de l'économie qui nous prennent pour des imbéciles» publiait aussi bien dans «Marianne» que dans «le Figaro magazine». Il avait récemment été nomme conseiller général à la Banque de France.
7 - ELSA CAYAT psychanalyste. Chroniqueuse à «Charlie Hebdo» sur des faits de société, elle a publé des ouvrages sur la sexualité et le désir. Sa cousine et productrice de cinéma, Sophie Bramly, la décrit, dans «le Parisien» - «Aujourd'hui en France» comme «très engagée dans tout. Tout ce qui était de l'ordre de la sur-intensité la concernait, et je suppose que c'est ce qui l'a conduite à intégrer Charlie Hebdo»
8 - FRANCK BRINSOLARO, brigadier. Membre du Service de la protection (SDLP), l'ancien Service de protection des hautes personnalités (SPHP), Franck Brinsolaro était en charge de la protection du dessinateur Charb. Passé deux ans par l'Afghanistan, il s'apprêtait à avoir 49 ans. Il avait récemment épousé Ingrid, rédactrice en chef de l'Eveil normand, un journal local de l'Eure. Ils avaient deux enfants dont un bébé de 13 mois.
9 - AHMED MERABET, policier. Agé de 42 ans, Ahmed Merabet, brigadier à VTT, pourchassait les auteurs de l'attentat. Il a été abattu une fois au sol, blessé. Il avait intégré le commissariat du 11e arrondissement il y a une dizaine d'années.
10 - FREDERIC BOISSEAU, agent de maintenance. Employé de l'entreprise Sodexo depuis 15 ans, Frédéric Boisseau se trouvait à l'accueil de «Charlie Hebdo». Il est la première victime de l'attentat.
11 - MICHEL RENAUD, Ancien directeur de cabinet du maire de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et journaliste de formation, Michel Renaud était en visite à «Charlie Hebdo» pour remettre au dessinateur Cabu des planches de dessin qu'il avait prêtées pour la biennale du Rendez-vous du carnet de voyage de la ville auvergnate. Il avait été invité à participer à la conférence de rédaction. Il était accompagné d'un autre Clermontois, qui est sorti vivant de l'attentat en se couchant à terre.
12 - MUSTAPHA OURRAD, correcteur. Employé depuis une dizaine d'années par «Charlie Hebdo», Mustapha Ourrad avait la soixantaine. Né en Algérie, cet orphelin était arrivé en France à 20 ans.