Quand le rallye mondial visite les Sierras Cordobesas...

Voilà une semaine avait lieu le rallye d'Argentine comptant pour le championnat du monde.
Retour sur 4 jours de fête , d'adrénaline et de spectacles en tous genres.
Jeudi, 03H30, réveil plus que matinal pour me rendre à Côté de Villa Carlos Paz. Comme chaques  années, mon fils est de la partie ainsi que mon ami plombier et son fils. Après avoir franchi les Altas Cumbres, nous arrivons vers 07 h pour assister au shakedown. Le public  est déjà nombreux sous un ciel bien nuageux. Les premières autos passent dans des glissades infernales, chacun essayant de trouver les réglages appropriés. Après 4 heures passées à profiter de ce spectacle, nous rejoignons le parc dassistance. Situé au bord du lac San Roque de Villa Carlos Paz, les teams s'attèlent à la tâche. Faut dire que les pluies des derniers mois ont bien compliqué l'état des chemins qui vont être empruntés. Passionné de rallye depuis ma plus tendre enfance ( ayant été moi-même copilote durant de nombreuses années ), je reste en admiration devant ces autos WRC. Que ça doit être bon de conduire une telle auto ! Les pilotes étant présent, nous en profitons pour discuter avec Sébastien Ogier, champion du monde en titre. Vers la fin de l'après-midi, nous reprenons la route pour rejoindre les hauteurs de la Cumbre, pour voir la spéciale de 52 kms de long, Asconchinga / Agua de Oro. Il est 18H30 quand nous arrivons et les abords de la spéciale sont déjà peuplés d'une foule dense. Un paysan en a profité pour ouvrir les barbelés de  son champs  et a improvisé un parking payant. A 100 pesos par voiture, il a grandement gagné sa journée. Mes voisins montent leur tente pendant que nous préparons le lit dans notre VW Multivan . Il est alors temps de préparer à manger. Tout autour de nous, les feux éclairent la nuit, signe que les asados seront bien présent. Nous faisons connaissance avec nos voisins et nous nous rendons compte de la popularité de ce rallye. Il y a à côté de nous des gens de la province de Tucuman, de La Rioja, de Catamarca, de Neuquén.Le Fernet Coca passe de main en main, les premières guitares font leur apparition. J'ai préparé des pâtes bolognaise au feu de bois, il y en a pour un régiment. Nous distribuons donc des portions à nos compagnons de rallye. Un Tucumano vient m'offrir une bonne bouteille de vin pour notre «  buena onda « . Pendant ce temps, le flot de véhicules arrivant est incessant. Je me demande bien où ils vont pouvoir stationner autant de voitures. Après de longues discussions sur les rallyes des années antérieures, nous allons nous coucher pour tenter de nous reposer. Je n'ose employer le mot dormir car je sais que ce sera impossible vu le vacarme qui règne sur ce camping improvisé. Un de nos voisins aura même la bonne idée d'ouvrir le coffre de sa voiture pour faire profiter tout le public de sa sono embarquée. Les décibels résonneront jusquau petit matin. 07h, les feux sont toujours allumés, réchauffant l'eau pour le maté ou autre café. Puis comme une longue procession, nous partons choisir un bel emplacement  et attendons le passage de ses virtuoses du volant. Comme chaque année, je me retrouve avec des amis journalistes, photographes ou caméraman qui sillonnent le monde au grès des rallyes. Comme je les envie !!!  Avec le lever du jour, je me rend compte du monde présent dans ses sierras. Il y a des tentes de partout, des 4X4 juchés en haut des montagnes ou dans des pentes bien inclinées. Je me rends compte que beaucoup ont aussi abusé du Fernet et certains ne verront pas grand-chose de la course. Puis place au spectacle, les premières wrc font leur apparition, dans des gerbes de terres sous les acclamations du public en délire. Mais comment font t'ils pour conduire ainsi durant 52 kms, cest tout simplement époustouflant. J'immortalise quelques passages d'anthologie dans ce magnifique décor. Qu'est -ce que je ne donnerais pas pour être dans une de ces voitures !
Après le passage de la dernière auto, nous retournons à notre véhicule pour le repas de midi. Nous avons préparé des sandwiches mais quand nous arrivons, nos amis Cordobeses sont en train de préparer du poulet au disco. Et oui, en pleine montagne, ils ont amené de quoi cuisiner. Petit à petit les senteurs nous mettent l'eau à la bouche et pour eux, il est hors de question que nous mangions de vulgaires sandwiches. Ils nous invitent donc à partager leur poulet au disco. Nous sommes 14 autour du feu mais il y a à manger pour 30 personnes, une folie. Avec le ventre aussi plein, il serait bon d'aller faire une sieste mais nous n'avons pas le temps, le deuxième passage s'approche et il est temps de regagner un bel endroit. Après ce deuxième passage tout aussi spectaculaire que le premier ( bien qu'il manque déjà un nombre important de concurrents ), nous regagnons le parc d'assistance de Villa Carlos Paz. Nous voyons les mécaniciens à l'oeuvre, certains ont beaucoup de travail vu l'état des voitures. J'en profite pour de nouveau parler à Sébastien Ogier et le féliciter pour sa deuxième place provisoire. Nous assistons à la conférence de presse des responsables d'écurie et j'en profite ensuite pour aller prendre mon fils en photo avec les pilotes. Que de souvenirs pour lui ! Jai pu le prendre en photo avec le futur vainqueur Jarri-Mati Latvala, Ogier et son copilote, Nasser Al Attiyah.La nuit est tombée, il est temps de rentrer à la maison se reposer, encore 170 kms à faire. Malheureusement le brouillard est tombé et une fine bruine tombe. Nous n'y voyons pas à 50 mètres et mettrons plus de 3h45 pour rentrer à la maison.
Le samedi repos, nous avons suivi le rallye par internet depuis la maison. Et oui, comme il y avait des clients au complexe, il me fallait bien assurer un peu de présence .Mais qu'à cela ne tienne, dimanche matin nous serons de nouveau présent au bord des routes en terre. 06h, nous repartons au rallye, à 5 ce coup-ci car mon voisin a décidé de faire connaitre le rallye à sa petite fille de 10 ans. Elle est toute contente, n'étant jamais allée à plus de 20 kms de chez elle. Nous allons dans la légendaire spéciale de Giulio Cesare, terre du  champion argentin Jorge Recalde, unique Argentin à avoir gagné une manche du championnat du monde des rallyes. Il pleut un peu et le brouillard est super dense. La piste en terre ressemble à une savonnette. Comment font -ils pour garder la voiture sur la route ?? Les gens sont encore plus nombreux que le premier jour malgré le froid, la pluie et le brouillard. D'immenses drapeaux argentins sont déployés un peu partout, ça chante, ça boit pas mal aussi. ( Fernet  Branca est un des principaux sponsors cette année). Nous sommes dans une zone lunaire, parsemée de gros rochers sur lesquels s'entassent les spectateurs. La visibilité est plus que réduite et je m'approche donc de la route pour pouvoir prendre des photos. Les premiers moteurs rugissent mais nous ne voyons rien, trop de brouillard. Ce n'est qu'au dernier moment qu'apparaissent les voitures, sur deux roues entre deux mûrs de rochers. Ces gars- là sont des dieux du volant, ya pas d'autres mots .Il ne reste qu'une vingtaine de concurrents en course mais tous sont impressionnants. Malgré le fait quon n'y voit pas grand-chose, on en prend quand même plein les yeux ! Pour le deuxième passage dans cette spéciale, nous décidons d'aller au départ  afin de voir les pilotes se préparer et se concentrer. Certains en profitent pour contrôler la pression de leurs pneus, d'autres ferment les yeux, certains nous font signe car nous les applaudissons bien fort. Nasser Al Attiyah ouvrira même sa portière pour tendre la main à Tommi pour une photo souvenir. Vraiment sympa ce champion Qatari ! Le brouillard est encore plus épais qu'au premier passage mais ça ne les empêche pas de démarrer à tombeau ouvert. Faire cette descente d'une vingtaine de kilomètres avec ce brouillard et entre deux rangées d'énormes rochers, faut avoir le coeur bien accroché. Alors que démarrent les dernières voitures, nous décidons de rallier Villa Carlos Paz une nouvelle fois pour assister au podium final. Nous arrivons bien en avance afin d'être au pied du podium et ne rien perdre du spectacle. L'attente est longue, presque deux heures mais quelle fête. Nous sommes littéralement douchés par l'équipe Volkswagen qui fête son doublé. Sébastien Ogier me tend son énorme bouteille mais je la laisse à un autre spectateur car il m'a déjà promis sa casquette dédicacée pour mon fils. Il me dit qu'il en a encore besoin pour la conférence de presse mais qu'il me la donnera ensuite. Nous allons donc attendre de nouveau patiemment devant la salle de presse et comme promis, il sort, vient discuter avec moi et me tend la casquette dédicacée. Je lui avais fait passer par courrier une invitation à venir passer une journée dans notre complexe mais son emploi du temps était trop court. Il me demande tout de même où nous nous trouvons exactement pour essayer de s'organiser peut-être l'année prochaine. Quest -ce que j'aimerais pouvoir le recevoir chez nous et lui préparer un bon asado !!! Après l'avoir bien remercié, je le laisse partir en courant vers son hôtel car la foule se fait plus que pressante, voire étouffante. Je n'oublie pas de lui souhaiter le meilleur pour la suite de sa saison. Deuxième ici et toujours en tête du championnat du monde, ce n'est pas un mauvais résultat. Je suis crevé, il est temps de reprendre la route une nouvelle fois et toujours dans le brouillard. Durant la route, je me remémore les moments forts de ce rallye, la gentillesse des pilotes, leur disponibilité, et surtout l'indéniable talent qui fait d'eux de véritables champions. La gentillesse et la convivialité des spectateurs argentins est aussi à souligner et nous nous sommes tous promis de nous retrouver au même endroit l'année prochaine pour partager de nouveaux repas tout en musique. Puis d'un coup la tristesse m'envahit, je me rends compte que le spectacle est fini et quil va me falloir attendre un an pour revoir mes idoles sur les terres de notre province de Cordoba. Et dire que dans 3 semaines mes amis journalistes, photographes et consorts seront au départ du rallye de Sardaigne, bouh !!! Je ne veux pas faire mon Caliméro mais c'est pas juste !!!!

Salut Chris et merci pour nous faire partager ton expérience. Deux remarques :
* Le Gouverneur De La Sota avait soit disant interdit les feux pendant le rallye pour des questions de sécurité et les contrôles seraient très stricts avait-il annoncé en grande pompe...... je vois que les promesses à l'argentine sont bien ancrées....et les contrôles sévères..........
* Plus encore, je constate qu'il y a de l'avenir dans l'agriculture dans les sierras: visiblement des agriculteurs ont mis au point une nouvelle technique qui est de semer des voitures dans les champs et récolter plein de blé....... et tout cela sans impôts à payer ni retentions.... semences gratuites, pas d'OGM, pas de traitements et une récolte en une journée. Un business en or.......
Enfin cela a du être une expérience sympa.

Bon weekend à tous

En effet, les feux étaient interdits mais personne n'est venu nous dire quoique ce soit. De plus, vu l'humidité ambiante qu'il y avait, le risque d'incendie était nul.
Sûr que certains agriculteurs ont fait une belle recette pendant ce week-end. Mais comme disaient certaines personnes, qu'ils nous fassent payer pour stationner sur leurs terres ok mais qu'au moins ils coupent un peu l'herbe avant car par endroit, elle devait bien faire 50 cms de hauteur et pour installer des tentes dans ces conditions, ce n'était pas top.
Le principal au final c'est que tout se passe dans la bonne humeur.

merci Chris pour ce grand moment que tu nous fait partager !!! cela me met l eau à la bouche et il est bien possible que je sois de la partie l année prochaine !! as tu connu le rallye infernal en région parisienne du temps de René Metge et toute la clique ? !!!
un abrazo
Daniel

Bonjour Daniel,

Non, je n'ai pas connu ça. Je me suis intéressé au championnat de France des rallyes à partir de mes 10 ans car le Criterium des Cevennes passait devant la maison de mes grands parents. Il a fallu ensuite attendre 13 ans de plus avant de pouvoir faire mon premier rallye comme copilote. Mes plus grands souvenirs demeurent les nuits du Monte-Carlo que j'écoutais non stop sur RMC....La belle époque.
Je ne savais même pas qu'il y avait eu des rallyes en région parisienne.
En tout cas bienvenu à toi si tu te décides à venir l'année prochaine.

Salut Daniel,

J'ai  bien connu le rallye infernal couru à Crépy en Valois, et la carrière de René Metge, personnellement je ne me souviens pas de l'avoir vu participer à cette course un peu particulière il faut le dire. Metge s'est illustré en 72 en gagnant la coupe R12 Gordini, puis  en finissant second des 24 heures du Mans je crois en 79 ou 80 et surtout ses trois victoires au Dakar, mais tu connais surement l'histoire de l'infernal mieux que moi et peut être qu'il y était..en tous cas ce n'est pas bien important. Cela restent de bons souvenir de bouillasse et de démerde mécanique.... ah oui il n'y avait pas 50 personnes en logistique derrière et il fallait être pilote et mécano pour s'en sortir.....

Bonne journée aux passionnés de sport autoo et aux autres