Chaque famille sénégalaise en ville a au moins un employé de maison.
Nous les Toubabs quand nous sommes en expatriation ou avons décidé de vivre au Sénégal, nous nous devons d'employer des locaux, histoire d'une part de nous faciliter la vie et d'autre part de donner un boulot rémunéré à une frange de la population qui est dans le besoin.
Mais attention amis Toubabs, ce n'est pas parce que vous êtes au Sénégal, qu'il faut oublier les lois en vigueur dans le pays d'accueil, sinon cela pourrait vous couter très cher.
Pour information un employé de maison suivant l'inspection du travail au Sénégal doit toucher entre 40 000 à 54 000 CFA brut pour 10 h/jour et 6 jours par semaine, cela c'est la loi.
80% des sénégalais voire plus, payent leur(s) employé(s) de maison de la main à la main, au noir, sans contrat de travail, sans les déclarer et donc sans payer les cotisations aux différentes caisses (santé, retraite,
ce qui est en passant un manque à gagner pour l'état sénégalais).
Pour le licenciement, l'employeur sénégalais n'hésitera pas à se débarrasser de son employé pour une bonne raison ou en raison de l'humeur de l'une de ses épouses.
L'employé licencié sans contrat ne viendra que très rarement chercher des noises à son employeur et entamer une démarche à l'inspection du travail. Mais pourquoi ?
Ceci est une vraie question de fond.
Plusieurs pistes : la différence d'ethnie, des liens familiaux lointains, la peur car chaque employeur sénégalais a dans sa famille un avocat ou a déjà son avocat qui est en charge des embrouilles familiales, ou bien encore l'employeur vit au-dessus de ses moyens et l'employé lui le sait. Bref je travaille sur le sujet !
Nous les gentils ou pas gentils Toubabs, que faisons-nous ?
Pour certains bien renseignés, ils se sécuriseront en faisant un contrat de travail à leur employé via une boite d'intérim ou bien en allant faire des lourdes démarches administratives pour se déclarer employeur.
D'autres feront comme la plus part des sénégalais c'est-à-dire rien, au black. Soit par ignorance, soit par laxisme ou bien parce que l'employé de maison lui-même vous dira que c'est mieux pour lui d'être au black car il touchera plus.
Car en effet votre budget par exemple est de 100, vous déclarez votre employé. Vous et lui payeront des cotisations donc au bout du compte il va toucher net (rek) que 80.
Ensuite pour les non sécurisés, un jour, votre employé de maison dysfonctionne ou il vous vol mais vous n'avez pas de preuve, bref vous voulez vous en débarrasser. Vous êtes cool et vous lui donnez une compensation pour ce licenciement ou rien car il vous a trop pris pour un con.
Sachez que dans tous les cas il pourra vous convoquer devant l'inspection du travail (car pas de contrat, donc vous êtes hors la loi et le travailleur le sait ou on le lui dira).
Mais pourquoi cela n'arrive qu'aux blancs ?
Au Sénégal, le blanc est synonyme de fric et avec notre passif esclavagiste et notre néocolonialiste (vielles rengaines qui resurgies quand le ton monte), la proie est donc facile de plus vous êtes un étranger.
Donc vous pouvez vous retrouver à l'inspection du travail.
Les gens de cette inspection sont là pour défendre avant tout les travailleurs et tant mieux pour eux mais pas pour vous.
Sans contrat et sans preuve même si vous avez payé l'employé deux fois plus que la loi demande, il pourra vous être énoncé les chefs de réclamations suivants :
Indemnité de licenciement,
Rappel des congés payés,
Indemnité de préavis,
Rappel des cotisations des affiliations aux institutions de prévoyance sociale,
Rappel de la prime d'ancienneté,
Rappel de la prime de transport,
Dommages et intérêts pour licenciement abusif
Le montant va varier en fonction de l'ancienneté de l'employé et des chefs retenues contre vous. Par exemple pour une ancienneté de 3 ans l'employé via l'inspection peut vous réclamer 1,5 million de CFA.
Devant l'inspecteur du travail et en présence de l'employé, ce dernier va demander aux deux parties de trouver une conciliation et donc un accord sur le montant à payer par l'employeur au travailleur.
S'il y a une conciliation, les choses s'arrêtent là, l'employeur paye et sur le Procès-Verbal il sera mentionné que le travailleur renonce à toute forme de poursuite.
Si le travailleur et l'employeur ne trouvent pas de conciliation alors l'affaire passera devant le tribunal.
Deux choses l'une, soit le travailleur a le projet de quitter le Sénégal dans l'année qui vient, il a alors intérêt via son avocat de faire trainer les choses de report en report, ou soit le travailleur compte rester dans ce pays, alors il faut qu'il sache qu'il y a pour lui un TRES grand risque de perdre le procès et au final de payer beaucoup plus cher.
Voilà je souhaitais informer les employeurs toubabs et pour demain les employeurs sénégalais car si ils pensent qu'au Sénégal tout est dans l'informel et bien cela va changer doucement.
HB