Pour quoi partir, ou rester en Tunisie

bonjour,
je sais que beaucoup d'entre nous sont dans une situation , un peu "entre 2 chaises"!
Dites nous pourquoi vous restez, ou pourquoi vous pensez à partir, ou pourquoi, vous êtes partis!
Il n'y pas que le coté "ça coûte moi cher", sinon, d'autres pays montrent le bout de leur nez!
Merci

Je suis tellement fainéant que j'ai la flemme de faire mes valises!
Le seul luxe de mon âge c'est ça: rien faire et laisser dire:lol:
Je ne m'en prive pas et le motif est bien suffisant pour rester:)

Bonjour

Toujours pareil , ni intérets financiers , ni entre 2 chaises , ni parce que ça coùte moins cher (on a une appart. à Fréjus). Pour la même raison que quand on est venus. la qualité de vie , pas de stress , pas de tape à l'oeil, beaucoup moins de cons. La vie vraie, où "la vraie vie".

Mon cher Françis,
je vais te faire une réponse un peu longue,(Et qui n'est pas de moi,mais d'un Djerbien éclairé),c'est un peu "l'économie pour les nuls"et une illustration parfaite(a mon sens)de ce pourquoi "les gens"vont vers des "ailleurs"(la Tunisie faisant partie de ces ailleurs).Accroches toi,c'est parti !

On me blablate sur la révolution cognitive… La portée de cette révolution mérite illustration.

Imaginons des lutins, mangeurs de champignons, vivant sur une planète dont la seule richesse (apparente) réside dans les champignons qui poussent à sa surface. Les lutins assureront ensemble la cueillette, mangeront à leur faim et seront tous heureux. Plus ils en mangeront, plus leur PIB (Produit Intérieur Brut, somme de la consommation et de l'investissement) augmentera (c'est ce qu'on appelle la croissance). Leur caca servant d'engrais naturel, ils seront, à première vue,  dans un cycle vertueux de croissance durable, tant que le rythme de la cueillette n'excède pas celui du renouvellement des ressources. Leur croissance (remarquez que nos lutins n'ont fait que trimer, manger et chier, un peu plus chaque année… c'est ça la croissance) se fera dans la limite des ressources renouvelables disponibles et ils seront éternellement heureux.

Cette limite peut être  atteinte (pour raisons démographiques ou par la cupidité de certains lutins entrepreneurs qui ont décidé de puiser plus que leurs besoins et de planquer l'excédent de production dans les neiges de la Toundra en attendant de le monnayer plus tard). Deux choix se présenteront alors à l'assemblée des lutins. Soit qu'ils s'alignent sur cette limite tout en se répartissant les champignons de façon à préserver la paix sociale. Dans ce cas, leur PIB arrêtera de croitre (c'est la stagnation) mais ils ne seront pas malheureux pour autant. Soit qu'ils optent, en fidèles adeptes de l'économie de marché, pour la dérégulation totale. On verra alors apparaître différentes corporations : des lutins cueilleurs-trimeurs, des lutins glandeurs, des lutins entrepreneurs créateurs d'entreprises, des lutins blagueurs-amuseurs de la galerie, des lutins tchatcheurs-politicards, des lutins prêteurs-banquiers (et occasionnellement  voleurs), des lutins prostitués (physiquement, et le plus souvent intellectuellement)… Un peu plus tard dans le processus de décantation sociétale, apparaitront des lutins flics-mateurs, des lutins légitimistes et d'autres plutôt casseurs-anarchistes… On retrouvera alors tous les ingrédients de notre bonne vieille société capitaliste.

Grâce aux progrès technologiques, les lutins gagnent en productivité et réduisent leur temps de travail tout en développant la production de champignons. Les lutins cueilleurs continuent à trimer comme des malades mais disposent d'un peu plus de temps libre qu'ils consacrent à écouter les blagues (parfois salaces) des lutins blagueurs-amuseurs de la galerie (rétribués en champignons) et à surfer sur Facebook que lutin Super-Génial a pu concevoir (car il a bien vu le tournant immatériel que prenait l'économie). Sur Facebook, les lutins trimeurs (comme les autres d'ailleurs) disposent d'un espace de liberté leur permettant de se faire des amis, d'emballer des filles / garçons (en vue de coucheries sauvages, comme d'amours moins éphémères), d'échanger des idées (allant du plan cul à 2 sous jusqu'à la remise en cause du Système et la refonte du Monde), de pester les uns contre les autres, de se révolter (le plus souvent « sur-papier ») contre les injustices, les dictatures et le patronat… Surtout que les lutins entrepreneurs pressent de plus en plus leurs forces travailleuses. La réduction du coût du travail et l‘augmentation de la productivité deviennent leurs seuls leitmotivs. Ils sont de plus en plus nombreux à délaisser le secteur de la cueillette (trop coûteux en termes d'investissement, de main d'œuvre) pour se tourner vers celui du service (plus léger, purement intellectuel) ou du conditionnement à forte valeur ajoutée (apparaissent alors sur le marché des champignons au goût de fraise, au goût de truffes ou à la couleur rose fluo) .

Il faut dire que de plus en plus de lutins rechignent à trimer aux champs et préfèrent amuser la galerie de derrière leurs bureaux. Et puis, Facebook offre une merveilleuse plateforme de publicité permettant aux lutins entrepreneurs de bien cibler leurs clients, de les tenter à mort et en direct sur la toile.  Bon nombre de lutins succombent à la tentation, se goinfrent de champignons roses fluo, s'endettent (car ils n'avaient pas les moyens de bouffer autant) et deviennent obèses. Heureusement que les lutins banquiers sont là pour leur prêter main forte, et les aider à vivre au-dessus de leurs moyens. Les lutins glandeurs-frimeurs empruntent aux lutins trimeurs-amasseurs  (d'épargne). Les lutins banquiers se goinfrent au passage.

Le packaging stimule la croissance. Facebook aussi. Les lutins triment moins, mangent plus, s'amusent plus et chient toujours.  A ce stade, la croissance n'est plus possible sans dette. Pire. Au fil de l'eau, chaque point de croissance supplémentaire nécessite un peu plus d'endettement que le précédent. Mais la tentation est grande (mettez-vous un instant à la place d'un lutin qui lorgne sur un champignon rose fluo), et l'accès au crédit est tellement facile (sans ça, la consommation ne pourrait se maintenir). Les lutins trimeurs mordent à l'hameçon. Les flémards s'engouffrent dans la brèche. Tous s'endettent en engageant leurs revenus futurs.

Un apport supplémentaire en engrais (le caca des lutins ne suffit plus à enrichir les sols) se révèle nécessaire pour maintenir la cadence de production-consommation. Les sols s'épuisent. Heureusement que la Terre des lutins est une énorme boule de phosphate. Les lutins mineurs se mettent au travail sous l'impulsion d'autres entrepreneurs clairvoyants, commencent à puiser dans la croute terrestre  et à alimenter les cultures intensives (car il faut bien que la croissance continue). La magie du PIB fait que le fait même de creuser un énorme trou dans la terre, de la vider de son contenu pour le stocker / consommer à sa surface crée de la croissance ! Et ce, même si la Terre est maintenant un trou béant et que l'ensemble Terre-Lutins n'a pas progressé d'un iota.

La cadence augmente. La fuite en avant (vers plus de consommation) continue. Les trimeurs  se rassemblent dans des syndicats et se font défendre par des professionnels de la tchatche (qui ponctionnent, en contrepartie,  leur production de champignons). La politique est née.

Pour certains lutins, la charge de la dette devient trop lourde. Ils sont acculés au défaut de paiement. L'épargne tant vantée des lutins trimeurs- amasseurs  se révèle alors une illusion. Le financement de la consommation débridée par les prêts à la consommation se transforme ainsi subitement en subvention ouverte à la consommation. Les créanciers tombent à la queue leu leu. Les plus gros (présentant un risque systémique pour la pérennité du Système) sont épargnés grâce à l'intervention des méga-gros, qui deviennent, à leur tour, moins solvables, plus vulnérables. Le jeu de dominos ne s'arrête pas. Il est juste suspendu pour un temps.

Et vous pensez que nos lutins banquiers ont compris le message ? Mais vous vous méprenez, mes chers. « Un financier, ça n'a jamais de remords. Même pas de regrets. Tout simplement la pétoche » (Audiard). J'adore !

Dans cette atmosphère apocalyptique, Lutin Super-Génial organise ses flux immatériels, flique les débats et les censure si besoin, canalise ou sanctionne les débordements, ferme les comptes des lutins aux idées subversives (car il y en a toujours), et se frotte les mains. Chaque jour, des tonnes de champignons rentrent dans ses caisses.  Vu l'engouement des investisseurs (publicitaires, entrepreneurs, chasseurs de têtes, vendeurs de vent…) pour sa boîte, il a même prévu de l'introduire en bourse (où elle sera valorisée à des milliards de tonnes de champignons et verra son cours exploser de 100% durant les premières heures de cotation). Conscient de l'aspect virtuel de cette valorisation, l'apôtre de la dématérialisation de l'économie se délestera d'une partie de ses actions contre quelques millions de tonnes de champignons sonnants et trébuchants qu'il s'empressera d'investir dans des actifs tangibles. Il s'accaparera de l'outil de production (la terre agricole, les ressources naturelles) de ceux qui ont pété plus haut que leurs culs, en se disant que c'est le prochain virage stratégique à ne rater à aucun prix. Lutin Super-Génial a maintenant un pied dans le « tangible » et un autre dans « l'éphémère ».

Nous voilà enfin avec tous les ingrédients de la Crise qui gronde :

- Une économie qui ne puise sa croissance que dans la consommation (voire la surconsommation), l'investissement, l'augmentation des stocks et l'épuisement des ressources.

- Des déséquilibres structurels entre cigales (aux comptes courants déficitaires) et fourmis (aux comptes courants excédentaires): Une partie de la société qui vit au-dessus de ces moyens, versant dans le consumérisme et empruntant à gogo à des trimeurs qui se contentent d'épargner

- Des déséquilibres structurels entre les détenteurs du capital et les trimeurs d'en bas.

- Des déséquilibres structurels entre l'économie matérielle (qui ne fait plus rêver) et l'économie des services, du baratin et du vent.

- Une répartition des richesses qui devient de plus en plus biaisée (devinez dans quel sens !), des gens dans la dèche et qui osent l'ouvrir. D'où le vent de révolte qui ne sera jamais stoppé par la criminalisation à outrance.

- Une croissance qui ne peut se maintenir sans surconsommation et sans endettement farfelu

- Une peur bleue de la stagnation, et encore plus de la décroissance et de la déflation

- Une obstination suicidaire à subventionner la croissance et à arrêter coûte que coûte la dynamique du désendettement. C'est ridicule car on n'arrête jamais un couteau qui tombe.

Il va sans dire que l'ensemble du système ira droit dans le mur si les ressources s'épuisent sans que les lutins arrivent à adapter leur mode de vie. L'intelligence exigerait qu'ils n'attendent pas des rappels à l'ordre brutaux avant d'opter pour une gestion rationnelle et durables de leurs ressources. S'ils s'obstinent dans la connerie, nos lutins n'auront plus qu'une seule porte de sortie (temporaire) : celle de l'innovation technologique qui les transformera en êtres de lumière, qui ne mangent pas, ne chient pas, veillent au bien-être de leurs prochains et vivent en symbiose totale avec leur environnement. 

Mais revenons sur terre. Nous ne sommes pas des êtres de lumière......
Si je m'acharne à vous souler avec mon laïus,(que j'aurais pu intituler « Chroniques de la Fin d'un Monde – Partie I », c'est que j'y crois encore… Un peu. Un dernier sursaut me parait encore possible !
Bonnes fêtes, meilleurs vœux et mettez vos ceintures car ça va secouer…
:thanks:

Bonne journée.....Malgré tout !:proud
Al.

Oui, j'aime beaucoup,
c'est un beau texte pour Noël!!
Que beaucoup devrait lire, car ce n'est pas le père Noël qui l'a pondu..
Un petit truc, quand même, la religion dans tout cela, j'aimerai qu'il me l'explique avec au tant de délectation, ce serait aussi un plaisir!
merci Alain

Content que ça t'ai plu !:)

milord a écrit:

Un petit truc, quand même, la religion dans tout cela, j'aimerai qu'il me l'explique avec au tant de délectation, ce serait aussi un plaisir!
merci Alain


Quand à la religion,ce n'est pas lui,mais moi qui vais te répondre.(Et sans "délectation!)
Je crois qu'il faut arrêter de "psychoter"avec ça !
La Tunisie était Musulmane avant la Révolution et sera Musulmane après la Révolution !! C'est ainsi et ce n'est pas nous qui y changerons quelque chose !
Quelle soit un peu plus ostentatoire c'est possible,qu'un jeune(ou un vieux)con,vienne te reprocher ta "mécréance"ou ton"étrangéité",c'est possible,que les plages cet été soient un
peu plus "habillées",c'est possible,que la consommation d'alcool
soit moins "visible",c'est possible,mais jusqu'à preuve du contraire,aucun "étranger"n'a jusqu'à ce jour été agressé,ni molesté et même si il y à ici ou là,quelques signes préoccupants de radicaux qui montrent leurs muscles ou si"certains" veulent
se montrer plus ou meilleurs Musulmans que les autres,ça reste marginal !
Il n'y à donc pas péril en la demeure(En tout cas pour l'instant.)et seul l'avenir nous dira si il y à vraiment matière à s'inquiéter,pour l'instant,il faut rester vigilants et attentifs,mais pas plus......;)

Quand à la religion,ce n'est pas lui,mais moi qui vais te répondre.(Et sans "délectation!)
Je crois qu'il faut arrêter de "psychoter"avec ça !
La Tunisie était Musulmane avant la Révolution et sera Musulmane après la Révolution !! C'est ainsi et ce n'est pas nous qui y changerons quelque chose !
Quelle soit un peu plus ostentatoire c'est possible,qu'un jeune(ou un vieux)con,vienne te reprocher ta "mécréance"ou ton"étrangéité",c'est possible,que les plages cet été soient un
peu plus "habillées",c'est possible,que la consommation d'alcool
soit moins "visible",c'est possible,mais jusqu'à preuve du contraire,aucun "étranger"n'a jusqu'à ce jour été agressé,ni molesté et même si il y à ici ou là,quelques signes préoccupants de radicaux qui montrent leurs muscles ou si"certains" veulent
se montrer plus ou meilleurs Musulmans que les autres,ça reste marginal !
Il n'y à donc pas péril en la demeure(En tout cas pour l'instant.)et seul l'avenir nous dira si il y à vraiment matière à s'inquiéter,pour l'instant,il faut rester vigilants et attentifs,mais pas plus......


MERCI AL , ça fait du bien de voir qu'il y en a quand même quelques uns qui ont les pieds sur terre , même si on me prend pour une gentille illuminée , je suis à 100% d'accord avec ton analyse

Ma Sara,
ce n'est pas parce que Al écrit ce qui te conviens , qu'il doit obligatoirement avoir les "pieds sur terre"
Nous en reparlerons devant un pastaga ou autre chose, "ma Chère " lol
Au fait, pour Noêl, je trouve cela gentille que l'on te prenne pour une illuminée...non?
Alléhhh, ne fais pas la tête lol

Al n'écrit pas ce qui me convient , il est juste logique , pas plus toi que moi où que quiconque ne peut présager l'avenir... c'est une simple question de bon sens.
et selon un dicton bien connu , la bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe .:lol:
et j'ai bien les 2 pieds sur terre moi :lol:
à bientôt  , tu verras que les gentilles illuminées peuvent donner beaucoup de fil à retordre aux vilains garnements
bonne soirée

On ne m'a jamais regardé de travers, et pourtant j'ai vraiment une sale gueule (la preuve, ce sont les français qui m'ont foutu dehors, il doit y avoir une raison!:lol:

Un petit billet sympa......:)
l'idéologie islamiste à l'épreuve
http://hybel.blogspot.com/2012/01/tunis … reuve.html
Et un autre beaucoup moins.....:(Pour faire contrepoids....:P
Le salafisme poursuit sa «mission divine» dans l'ombre d'Ennahdha
http://www.businessnews.com.tn/details_ … g=fr&t=519

Juste que pour la religion,
je ne parlais pas spécialement de l'islam , mais de la religion tout court!
les lutins, que je sache, ne parlaient pas que de la Tunisie!