Vision Brésil n°26, août 2011: le grand nettoyage de Dilma Rousseff

Bonjour,

Heureux de vous retrouver après la pause d'été… Une pause marquée par le grand nettoyage de la Présidente Dilma Rousseff au Brésil : 4 ministres remerciés, 16 hauts fonctionnaires renvoyés pour corruption, les responsables valsent à Brasilia! Pendant ce temps, on apprend qu'en Amazonie, la production d'acier est une des principales sources du déboisement, qu'à Rio de Janeiro, jamais l'indice de violence n'a été aussi bas, mais que les armes lourdes continuent à circuler, et que du côté de São Paulo, on cherche des solutions à l'engorgement de la mégalopole, stimulé par la croissance flamboyante de l'Amérique latine.

Bonne lecture, faites circuler « Vision Brésil n°26 » d'août 2011 autour de vous.

visionbresil.wordpress.com

Oï, tudo bem?
Je suis française, j'avais des projets d'expat un peu bloqués, mais je pars à Rio toute la seconde quinzaine de Septembre.
L'amie Brésilienne qui me reçoit semble répondre à tout sauf à mes allusions sur l'insécurité.
J'ai lu des blogs de touristes,..bon çà je sais ce qu'il faut éviter, mais je lis tous les jours "Jornal do Brasil" et suis donc au courant des fusillades, des accidents de bus etc...les agressions "simples" étant semble-t-il non un délit, mais une "institution".Je me fais une joie d'aller là-bas, mais avec des inquiétudes que tu perçois dans ce message.
Alors  je vous écoute amis expats...Tenez -moi un peu au courant avec votre vision à la fois d'européen et de résidant.
Abraços.

Allez à Rio en toute tranquillité, Capim Dourado, la violence a significativement diminué ces dernières années et, à moins de prendre des risques démesurés, du genre dérive, de nuit, sans accompagnant, dans les quartiers périphériques de la Zone Nord ou les favelas, les risques d'agressions sont mineurs. En fait, aujourd'hui, le danger n'est pas plus grand à Rio qu'à Paris!

C'est vrai que comme touriste, on est plus vulnérable que comme résident. Ainsi, Copacabana la nuit, qui agglomère les visiteurs étrangers, les boîtes de nuit et la prostitution, n'est pas le coin le plus relaxant de la ville. Mieux vaut aller manger ou boire un verre du côté d'Ipanema, quartier voisin ou de Leblon. Reste que la journée, la plage de Copacabana est incontournable!

Le centre? C'est comme dans toutes les villes américaines, très animé de jour, désert la nuit (qui tombe à 17h30, on est sous les tropiques!), mais des efforts d'animation de certains quartiers du centre sont en cours, de telle sorte que la visite peut en valoir la peine. C'est d'ailleurs incontournable dans le quatier de Lapa, en fin de semaine, temple de la musique brésilienne et noire de monde.

Voilà quelques "dicas", comme on dit en brésilien, pour réussir son séjour à Rio.

Ah, encore un truc, si jamais, par malheur, vous vous faites agresser, il ne faut pas résister, donner immédiatement ce qu'on a sur soi (donc sortir avec peu d'argent et de gadgets photo-électroniques) et ne pas regarder son agresseur dans les yeux, car il va craindre alors de pouvoir être reconnu ensuite et risque de devenir agressif. Car, hélas, les agressions, au Brésil, quand elles ont lieu, sont en général pratiquées avec des armes à feu.

Jean-Jacques Fontaine

Merci Jean-Jacques pour toutes ces précisions.J'étais au courant pour les agressions et la somme qu'il faut avoir sur soi, en prévision, c'est ce que je qualifiais d'"institution", par contre cette histoire de ne pas regarder dans les yeux , je n'y aurait pas pensé ! Que l'Europe n'aie rien à envier côté violence , je le sais hélas, et les armes commencent à faire leur apparition aussi.Quelle régression! Mais moi je vis en montagne, loin de cette vie barbare.Je savais qu'il ne faut pas sortir la nuit, mais n'avais pas réfléchis que la nuit tombe si tôt !! Le quartier de Santa Teresa , n'est plus très sûr , je crois, et je serai accompagnée d'une carioca de toute façon.Je connais les erreurs à éviter pour ne pas faire "touriste", mais suis si pâle de peau que çà risque de me trahir !J'ai vu sur youtube une femme résister à un vol de sac; le gars a tiré; les passants étaient en colère contre la femme qui a mis les autres en danger, et non contre le voleur. C'est assez surréaliste pour moi qui ai toujours vécu paisiblement.Et j'ai un peu de mal à imaginer comment on peut se baigner dans ces conditions.J'avais pensé garder un vieil appareil photo pour donner si besoin; par contre j'emporte un petit appareil basique, alors que j'ai un bridge avec lequel j'aurais pû faire de belles photos.çà , c'est dommage.Enfin tant pis! Je dois aller aussi à Rio das Ostras; je suppose que l'endroit est plus tranquille.Si vous pensez à d'autres conseils avant mon départ, ne vous gênez pas.Je pense m'être déjà bien imprégnée de la mentalité et commence à me débrouiller dans la langue. ah! oui, crainte aussi de la dengue et de la turista. L'eau, les boissons, les fruits...quand on débarque , çà craint ou pas? Sur tous ces points je me suis renseignée, mais c'est l'avis des expats qui m'interesse. En tout cas merci encore.Je vais voir où est Lapa..c'est tentant.

Vous savez, pour relativiser la violence au Brésil sans la nier comme certains crétins le font sur quelques forums (pas ici), je vais faire une comparaison.

Si vous faites de l'alpinisme et pas de la randonnée sur chemins de plaine, le risque de rencontrer des problèmes est statistiquement incomparablement plus élevé. Il n'empêche que si vous en faites "à votre main", sur des sommets de votre niveau en respectant les précautions requises, vous avez toutes les chances d'être encore vivante en fin de carrière.
50.000 victimes par armes à feu environ, c'est énorme. Mais la quasi totalité de ces morts sont liées au trafic de drogue ou à la violence dans des quartiers où sauf inconscience rare, vous n'avez rien à faire.

Comme dit plus haut, les "centros" sont souvent déserts la nuit et il faut les éviter comme la peste sauf en taxi, de porte à porte. Idem pour les quartiers excentrés, pour d'autres raisons (un gringo à Terra Firme, Belém, c'est une truffe posée sur un plat de pâtes. J'y ai des amis, quand je vais les voir ils viennent me chercher - à plusieurs - et je ne suis pas plus parano qu'eux. Dans le centre en plein jour, sauf le dimanche, je me sens autant en sécurité que dans pas mal de coins de France et davantage que dans quelques uns).

Il faut savoir aussi que si malgré les précautions que vous prenez vous étiez agressée, il ne faut pas résister, jamais, et ne pas donner l'impression que vous pourriez le faire. Se laisser dépouiller quitte à signaler vous même spontanément ce que vous avez (donc pas de trucs rutilants et surtout pas de souvenirs sentimentaux que vous seriez tentée de défendre machinalement). En face vous avez un drogué en état de manque, ou des types prêts à tout pour ne pas aller en taule tant elles sont terrifiantes au Brésil.

Idem, dans le Para, on parle beaucoup de morts par balles dans les campagnes. On a là affaire à des assassinats de syndicalistes ou de militants écolos qui gênent de gros intérêts locaux - lesquels feront au contraire passer le message "pas touche au gringo du coin" parce que quand l'un d'eux a des problèmes, ça secoue la police fédérale beaucoup plus efficace et plus difficile à corrompre pour étouffer l'affaire: c'est l'assassinat de Peter Blake dans le delta de l'Amazone (parce qu'il a voulu résister à un type armé qui lui demandait sa montre!) qui a ENFIN déclenché une réaction d'ampleur des autorités (armée, marine, PF), lesquelles ont nettoyé le coin de ses pirates.

Bref, l'insécurité est à prendre en compte avant de décider si on va ou non au Brésil. Elle conditionnera en partie votre mode de vie. Mais ça ne doit pas, selon moi, être le facteur qui vous ferait y renoncer

merci pour cette réponse très complète et claire et qui confirme exactement mes impressions.Je n'avais pas fait d'allusions aux gringos écolos assassinés.Je me retiens pour ma sécurité d'exprimer mes idées sur la politique. Je connais la puissance des grands groupes et leurs méthodes. Le désastre humain et écologique me touche, mais de toute façon c'est déjà toute la planète qui est dans leurs mains, et en France on revient à vitesse grand V au moyen-age social. J'ai toujours ressenti qu'il est moins dur d'être pauvre parmi les pauvres que parmi les riches. ( je me permets de dire çà puisque ma retraite s'élève à 660 euros par mois pour une vie de très, très dur labeur .)Au Brésil pas de frais de chauffage, 3 récoltes de fruits par an.. c'est des plus, mais je suis atterrée de l'augmentation du prix des terres.Quand certains achètent la surface d'un pays, les autre se contenteraient d'un potager!
J'espère pouvoir connaitre le Nordeste, le Para...une autre fois
Encore merci

Pour revenir à l'article signalé (effectivement ce blog est de grande qualité même si on peut ne pas être d'accord sur tel ou tel point avec son auteur: mon cas, même si au moins lui, il argumente et ne trahit pas la véracité des données).

Le "limpagem" de Dilma rencontrera toujours ses limites, d'une part du fait qu'elle doit former une coalition pour gouverner et que dans celle ci  il y a un parti fondé uniquement sur le clientélisme et le népotisme, dont elle ne peut se passer. D'autre part du fait de la structure fédérale: elle a très peu de pouvoir sur les Etats et là on a des trucs surréalistes.

J'en cite un: l'assemblée législative du Para où chaque député pouvait embaucher 47 collaborateurs (vous avez bien lu) touts très bien payés, euphémisme (pour comparer, les députés nationaux français, équivalent des députés fédéraux brésiliens, n'en ont que 3)

L'Amapa où on considère qu'entre 40 et 75% des recettes s'évaporent
__________________

Bref, ça va dans le bon sens, mais "y'a du boulot"

Ah, encore un truc, si jamais, par malheur, vous vous faites agresser, il ne faut pas résister, donner immédiatement ce qu'on a sur soi (donc sortir avec peu d'argent et de gadgets photo-électroniques)


+1 mais avoir un peu quand même. Dans certaines villes, le tarif quasiment officiel, c'est 50 R$ à tendre de suite.

Le camé flashe de suite sur le nombre de "pedras" qu'il peut aller acheter dans l'heure qui vient, et il oublie tout, il décampe pour se les procurer. Si vraiment vous n'avez rien, ça l'énerve.

_______________________

Je vais faire mon chieur moraliste, là... Si on vous détrousse aussi souvent de votre "celular", votre "maquina" etc., c'est parce qu'au Brésil comme partout ailleurs, les receleurs trouveront toujours des clients pour les revendre (ils récupèrent largement leur mise, et le client fait une bonne affaire en achetant un objet à bas prix)

Alors évitez d'acheter d'occasion à des inconnus...

oui , c'est du bon sens évident.
le cellular, je ne m'en servirai pas; mais j'envisageais d'avoir le vieux sur moi ( pas de carte sim...çà peut les énerver ? ou pas..).Je regrette plus la discrétion pour les photos, mais faut faire avec !
Une question concernant le cellular.Des amis m'ont dit ( mais eux étaient en Argentine) que çà ne sert à rien de l'emmener car il ne passe pas ( réseaux différents)..Pouvez-vous me renseigner sur ce point? Merci

Pour revenir à l'action "nettoyeuse" de Dilma, je lis certes tous les jours des gros titres mettant l'accent sur la lutte contre la corruption, mais ce qui m'a amusée c'est un chef de police qui se plaignait que si on lui enlève tous ses policiers corrompus , il n'aurait plus assez d'hommes !! Savoureux, non ?
Ce matin (pour vous..moi plus tard) j'ai suivi à la télé ( RedeTv , que je reçois) une longue interview de directeur de la poste; après le courrier , on l'a questionné sur la légalisation des drogues et sur l'homophobie. Deux autres sujets "chauds " semble-t-il en ce moment. C'est perçu comment sur place?..par le classes populaires? par la classe moyenne ?

C'est difficile de donner une réponse pour le Brésil tant il est hétérogène... Par exemple il y a peu d'homophobie active à Belém où si on les moque gentiment, on ne "casse du PD" que rarement quand à Rio c'est un sport estadual.

Corruption de la police, là je crois qu'il y a consensus. Mais c'est malheureusement vrai que certains éléments corrompus sont néanmoins bons, dans des secteurs autres que leur domaine particulier... A Belém un gars était spécialisé dans les affaires de séquestration et il avait d'excellents résultats, mais on l'a pris avec une valise de 50kg de drogue qu'il transportait lui même